Célébrer les échecs au Niger!
La foire de l’échec ou FailFair fut un succès
L’échec fait partie de la vie. Les obstacles en sont partie intégrante. Mais les échecs et les obstacles ne sont pas les mêmes pour tous !
Même pour ceux qui naissent et évoluent dans des conditions optimales, les obstacles peuvent constituer un frein et induire le découragement et l’abandon.
Alors imaginez… De naitre aveugle, de naitre en étant atteint d’albinisme, de naitre avec une jambe atrophiée qui devra être emputée ou encore de naitre dans une communauté ethnique où aller à l’école est assimilé à la disparition totale… Imaginez seulement d’être à leur place. … Car c’est tout ce que l’on peut faire, imaginer…
Le FailFair ou la célébration de l’échec, a été l’occasion pour quatre personnes bien ordinaires aux parcours extraordinaires, de nous raconter un pan de leur vie, parfois le plus douloureux. Même si cela est parfois raconté avec beaucoup d’humour, certaines blessures restent profondes. Mais cela n’a pas démotivé nos quatre panélistes qui n’ont jamais baissé les bras.
Nos panélistes
Kadidja Moumouni
Kadidja Moumouni est Présidente de l’Association Nationale des Albinos du Niger (ANAN)
« Comme vous le voyez je suis atteinte d’albinisme. Ma sœur Rahma était mon plus grand soutien à l’école, elle était mon ange gardien. C’est grâce à elle que je pouvait recopier les leçons portées au tableau noir (les personnes atteintes d’albinisme ne voient pas bien). Après notre séparation à partir du collège, il fallait que je passe de camarade en camarade pour arriver à recopier les cours… Certains élèves refusaient de me donner leurs cahiers pour que je recopie les leçons…. J’ai tenu bon et je suis allée jusqu’à l’université. Aujourd’hui je suis titulaire d’une maitrise en droit.
Siddo Nouhou Oumarou
Siddo Nouhou Oumarou est Président en exercice de la Fédération Nigérienne des Personnes Hadicapées
« Je suis né aveugle, mais quand j’étais petit je ne savais pas que je l’étais. Je jouais normalement avec les autres enfants et je pouvais courir partout… J’ai connu ma 1ère discrimination quand, au moment de passer le CFEPD-entrée en 6ème (car j’ai eu la chance d’aller dans la 1ère école pour enfants aveugles…), le secrétaire général du ministère de l’éducation de l’époque a dit ces mots « envoyer des enfants aveugles à l’école est un luxe que le Niger ne peut pas se permettre ». Aujourd’hui je suis en année de Master 2 en kinésithérapie (entre autre), spécialisation en gestion de la douleur ».
Oumalkairou Mahamadou.
Oumalkairou Mahamadou est étudiante en géographie à l’Universite Abdou Moumouni, Niamey
« Certains parents disaient à leurs enfants ‘vous devriez avoir honte qu’une estropiée rapporte de meilleures notes que vous. » Cela me fendait le cœur mais je ne regrette pas d’avoir continué sur la voie de l’école car aujourd’hui je suis admise à l’Université Abdou Moumouni de Niamey.
Medji Abdou
Medji Président de l’ONG ASPEL, membre de la communauté ethnique Bororo
« Je ne voulais pas aller à l’école car ma mère m’a dit ‘l’école c’est comme l’armée, lorsqu’on y va on n’en revient pas…’. Les nattes sur ma tête de jeune Bororo faisaient parti de mon identité et de ma beauté. Ne les aillant plus, j’étais la risée de tout le monde au village… Je n’ai été ‘libéré’ de ce poids des railleries qu’une fois admis à l’université. J’ai obtenu ma maitrise en anglais avant d’enseigner à des générations de personnes dont certaines sont de hauts responsables.
Nous vous présentons quatre affiches qui ont magnifiquement capturé le célébration des échecs au Niger.
Merci aux partenaires de Voice qui ont chacun à leur façon contribué à la bonne organisation de cette rencontre. Merci aux membres des groupes cibles ou detenteurs de droit présents, qui ne manqueront sûrement pas de relayer les histoires qu’ils ont entendu afin de motiver le plus grand nombre. Merci aux ONG internationales et locales qui nous ont honoré de leur présence: Humanity Inclusion hi, agirplus, empow’her and arene theatre.