L’objectif de ce projet est d’améliorer la participation communautaire des 21 femmes conseillères municipales du département d’Illéla dans la gestion des affaires locales de leurs zones à travers la création de cadres de concertation communaux et inclusifs. Cette initiative permettra de réduire la marginalisation et les inégalités sociales, tout en se concentrant exclusivement sur l’implication des femmes dans les affaires locales. L’objectif est de motiver leur participation civique et communautaire aux organes de décision et aux actions de développement. Ce projet s’appuie également sur les leçons tirées du précédent projet mené par l’ONG CŒUR CITOYEN sur financement de VOICE, à travers Oxfam au Niger, dans ce département avec les personnes âgées comme détenteurs de droits. Il faut noter que parmi ces ayants droit, plus de la moitié des femmes membres des trois (3) Cadres de Concertation Communaux Inclusifs (CCCI) se retrouvent dans les conseils actuels desdites communes. Ce lien de similitude favorisera la mise en œuvre effective de ce projet avec beaucoup plus d’efficacité et d’expertise. L’ONG CŒUR CITOYEN mettra en place, à tous les niveaux du projet, les mécanismes utiles au bon fonctionnement des cadres de concertation communaux des femmes conseillères municipales, les formera et les outillera au cours du projet. Ces femmes travailleront avec tous les acteurs du développement, notamment les anciens cadres de concertation de l’ONG, les personnes en situation de handicap, et plusieurs jeunes femmes dans l’influence de ces cadres. Elles feront également des émissions sur les radios communautaires et organiseront des campagnes trimestrielles de propreté en collaboration avec les groupements de femmes de chaque commune. Les cadres de concertation communaux des femmes conseillères communales porteront également la voix de leurs sœurs auprès des autorités communales afin d’améliorer leur cadre de vie, car ce projet leur donnera l’opportunité de jouer un rôle très influent dans toutes les actions sociales et politiques de leur zone.

Introduction 

A l’instar des autres pays de l’espace sahélo-saharien, le Niger est en proie à d’énormes défis liés à la gouvernance locale et à la décentralisation. Faute de compétences et de moyens financiers significatifs, les collectivités territoriales peinent à conduire des politiques locales attractives, à rapprocher le service public du citoyen et à créer une économie locale incitative. Aussi, le système administratif Nigérien accorde très peu de place à la participation des populations dans la gestion des affaires locales. 

Au regard de ce contexte sus-évoqué, l’ONG Cœur Citoyen se propose d’apporter sa contribution dans les trois (3) communes que compte le département d’Illéla (Badaguichiri, Tajaé et Illéla) dans la région de Tahoua. 

A ce titre, nous allons vous présenter les réalisations menées avec le partenaire VOICE d’Oxfam au Niger dans le cadre de la mise en œuvre du projet : Autonomisation socioéconomique des femmes membres de trois (03) conseils municipaux du département d’Illéla : communes de Badaguichiri, Illéla et Tajaé. 

Ce projet vise à autonomiser les 21 femmes élues et leurs mentorées et à améliorer leur l’implication dans les instances de prises de décisions au niveau communal et dans les actions de développement.  

Mise en œuvre du projet 

Au cours de l’exécution de ce projet, les faits marquants, ci-après, ont été enregistrés: 

• L’implication de toutes les parties prenantes de ces projets, à savoir les personnes âgées, les femmes élues, les autorités administratives et coutumières, les populations de trois (03) communes ; 

• La signature du Protocole de Mise en Exécution (PME) entre la Préfecture d’Illéla et l’ONG CŒUR CITOYEN, un document présentant le projet et autorisant l’ONG à l’exécuter conformément à la règlementation en vigueur ; 

• La stratégie d’intervention avec les conseillères municipales comme points focaux a été très utile dans la mise en œuvre des activités de ces projets ; 

• La mobilisation des communautés autour d’un intérêt commun de développement s’est avérée utile. 

 Impacts et transformations 

Les activités menées ont produit des retombées, ayant impacté positivement le développement communautaire : l’alphabétisation, la salubrité publique, les émissions radiophoniques, dons de matériel de salubrité à chacune des trois (3) communes de la zone d’intervention du projet, le recrutement de la main d’œuvre locale (animatrices, Chef de projet), etc. 

Il faut relever que ce projet a renforcé les capacités techniques et opérationnelles des détentrices de droits. Il a également favorisé la cohésion et l’intégration sociale entre les détentrices de droits (les femmes élues et leurs mentorées) des trois communes du département d’Illéla, suite à des rencontres périodiques soit pour des activités de plaidoyer lors des journées commémoratives, nationales et internationales ou pour des activités de renforcement des capacités.  

Aussi, ces détentrices de droits et la population de trois (3) communes ont bénéficié d’un encadrement pédagogique en alphabétisation et en politique à travers les espaces sûrs, créés au sein des Cadres Communaux de Concertation Inclusive (CCCI).  

Par ailleurs, divers thèmes d’impact ont été débattus auprès des radios desdites localités par ces détentrices de droits. Cet état de fait, il a permis aux femmes élues de maîtriser la prise de parole en public et d’effectuer convenablement les activités de plaidoyer. Cette mobilisation communautaire a contribué conséquemment à un grand changement de comportement et de mentalité des populations sur certaines pratiques peu orthodoxes ou présentant des risques à la vie humaine.  

Enfin, les séances de salubrité ont été initiées par les femmes élues en collaboration avec les populations au niveau des endroits publics de ces trois (3) communes que sont: les formations sanitaires, les écoles, les mairies, les grandes artères et au niveau de la chefferie d’Illéla.

Enseignements tirés  

• Pour toute activité de développement, il faut associer toutes les parties prenantes et de façon inclusive, car chaque être humain est ressource et a des ressources pouvant changer positivement les choses ; 

• Créer des stratégies ou des mécanismes de liens et apprentissages entre les différents acteurs afin de favoriser le cadre d’échanges et de promouvoir les bonnes pratiques ; 

• Planifier et suivre les activités de façon méthodique et chronologique, car une bonne planification permet d’ordonner et de séquencer les interventions avec beaucoup plus d’efficacité et d’efficience tout en restant dans la temporalité prévue et avec les moyens disponibles. 

Les témoignages/récits

« Auparavant, j’avais une grande difficulté à parler en public, ce handicap m’a beaucoup blessé dans mes rapports sociaux et même lors des campagnes politiques. Mais, aujourd’hui grâce à ce projet, j’extériorise librement mes pensées lors des émissions radiophoniques. » – Mariama Guéro, conseillère municipale d’Illéla.

« Ce projet est une initiative louable qui crée de la cohésion sociale entre les populations de ces trois communes : Badaguichiri, Illéla et Tajaé et aussi au niveau des femmes conseillères de ces trois entités. Nous avons des correspondantes et des amies dans ces trois localités. »  – Maria Souley, Conseillère municipale de Tajaé.

« Sans ce projet, je ne saurai ni lire et écrire. Mon mari m’a acheté un téléphone portable et j’avais beaucoup de problème à le manipuler. Aujourd’hui, grâce à des séances d’alphabétisation dispensées par l’ONG CŒUR CITOYEN, je le manie bien. » – Haoualé Abdou, mentorée CCCI de Badaguichiri.

« Ce projet nous a rapprochés des autorités administratives car je n’ai jamais rencontré le préfet pour un échange tête à tête. Mais avec ce projet, nous avons émis à deux reprises le cahier de doléances au préfet du département d’Illéla. » –  Binta Amadou, conseillère de Tajaé.

« La formation sur les droits et devoirs des élues locales m’a permis de comprendre ma position sociale et les missions à accomplir pour être une bonne conseillère. J’agirai avec beaucoup d’efficacité dans les discussions lors des conseils. » –  Mme Ibrahim Aichatou, CCCI Illéla. 

« A travers cette formation sur les droits et devoirs des élues, je viens de découvrir que le Maire a la qualité d’officier de la police judiciaire dans l’exercice de ses fonctions. » – Mme Ousseina Aboulwahidou, CCCI Badaguichiri.

« La formation sur le développement personnel et le leadership féminin me renseigne que rien de grand ne s’accomplit sans effort personnel. Je mettrai en pratique les leçons apprises dès mon retour à la maison. » – Mme Hadiza Mahamadou, CCCI Illéla.

« Nous ne voulons plus entendre les accouchements à domicile. Tout accouchement à domicile est sanctionné d’une amende de dix mille (10.000) francs CFA. ». – Honorable, Chef de Canton d’Illéla.

« Je suis très ému de voir les femmes conseillères mobilisées pour rendre complètement notre école propre ». – Abdoul Aziz Maitchibi, Directeur Ecole Medersa Badaguichiri.

« Nous ne connaissions pas comment s’y prendre en matière d’hygiène menstruelle, votre émission nous a beaucoup édifiée dans ce domaine ». – Une auditrice de la radio Zabaya de Badaguichiri. 

« L’émission sur les violences basées sur le genre m’a permis de comprendre la typologie des violences et leurs conséquences sur l’équilibre social ». – Une auditrice de la radio de Tajaé.

Liens Facebook des activités du projet 

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Défis  

Il importe de préciser essentiellement les défis suivants liés à la mise en œuvre dudit projet : 

• L’absence de création des clubs d’écoute des émissions et des spots radiophoniques diffusés lors de la mise en œuvre du projet ;  

• La durée courte de mise en œuvre du projet. 

Conclusion 

Ces projets sont bien accueillis par les populations et ont suscité beaucoup d’engouement. L’accompagnement du programme VOICE à travers ces deux (02) projets exécutés par l’ONG CŒUR CITOYEN a beaucoup contribué dans l’amélioration des conditions de vie de ces détenteurs de droits (les personnes âgées, les femmes élues et leurs mentorées). Ces initiatives peuvent être implémentées dans les autres départements de la région de Tahoua, voire l’étendue du territoire nigérien.  

Cependant, la population rurale souhaite être autonomisée économiquement et socialement. Plusieurs réalisations et actions ont été menées en leur faveur, mais beaucoup reste à faire. Sur ce, nous demandons encore à VOICE de continuer dans cette lancée à accompagner ce monde rural surtout à l’endroit des couches vulnérables (les femmes et les personnes âgées) dans l’amélioration de leurs conditions de vie. Aussi, nous invitons les autres acteurs de développement de s’intéresser aux personnes âgées car, elles sont dans les besoins pressants.