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Ma vie non vécue – vécue.

L’impact de Voice sur moi, juste moi!

Écrit par Linda Ogeda, LightBox Africa, facilitatrice de mise en relation et d’apprentissage pour le Kenya et la Tanzanie

Il reste encore quelques années avant que ma vie ne commence – du moins si l´on doit croire la propagande selon laquelle la vie commence à 40 ans – même si je suis encore jeune selon la plupart des constitutions africaines. Et pendant ce « court » laps de temps, je suis devenue une mère de deux garçons sociables et une femme expatriée.

Avant cela, j´étais une fille, une créatrice, une arnaqueuse de rue, une jeune actrice, une étudiante sur un circuit de programme de master très exigeant, une professionnelle du développement, une entrepreneure et, enfin, la directrice d’une entreprise de production cinématographique.

Et, puis j´ai abandonné tout cela.

J’avais un choix à faire et j’ai choisi ma famille. C’est la décision la plus difficile que j’ai jamais eu à prendre.

Comme quelqu´un qui a travaillé pendant plus d’une décennie sur les questions des femmes, cela semble contraire à mes convictions. Mais c´était pour ces mêmes convictions que j´ai fait ce choix. Comme je l’ai déjà dit, j’ai deux garçons. Et quand je regardais autour de moi et voyais les dégâts causés par des hommes sans bonne éducation, j’ai fait le choix d´avoir ces deux garçons. Je reconnais qu’il s´agit là d´un privilège que beaucoup de femmes n´ont pas. Mais c´est un privilège que la vie avait mis devant moi, et donc je l´ai pris.


Me voici lors d’une réunion de lancement de Voice au Kenya

En raison de la façon dont j´étais tendue, il n´était pas facile de passer d’une femme travailleuse à une femme au foyer. La première année est décrite très précisément dans le présent article. Cela a été difficile. Et m´a inspirée un profond respect pour les mères, et surtout celles en Europe et en Amérique, qui n’ont pas d’aide pour élever leurs enfants et gérer un foyer. J´ai récemment fait une enquête en ligne pour mesurer le travail domestique non rémunéré pour Oxfam et je hochais vigoureusement la tête quand le résultat illustrait la comparaison du travail domestique avec d’autres secteurs. Après avoir fait les deux, je vous assure qu´il est beaucoup plus facile de diriger une entreprise.

Les deux dernières années, les choses se sont améliorées. J’ai rejoint l’équipe de Voice en tant que facilitatrice de mise en relation et d’apprentissage pour le Kenya et la Tanzanie. Les enfants avaient commencé à aller à l’école et j’avais l’occasion de faire ce qui me passionnait : soutenir les titulaires de droits avec les compétences pour leur permettre de raconter leurs propres histoires, et créer des espaces où ils pourraient se mettre en relation et apprendre les uns des autres.

Ce fut un voyage fascinant de travailler avec plus de 40 organisations, avec les personnes les plus étonnantes dans les deux pays : les écouter, voir leurs cœurs, leur passion et travailler pour trouver des moyens d’amplifier leurs voix. Tout cela a abouti à un festival que nous avons organisé à Zanzibar, le Paza festival. Pouvez-vous le croire?

C´était fascinant, exaltant, enrichissant, et favorable à l’autonomisation. J´ai désappris tout aussi bien que j’ai appris. Bien sûr que tout n’était pas rose. J´ai dû régulièrement rester des semaines loin de la maison (qui dit que les hommes africains ne sont pas d´un grand soutien?) et lutter pour faire des activités d´amplification dans des pays ayant des espaces civiques restreints et réprimés.

Mais cela valait la peine lorsque les partenaires étaient en mesure d’avoir leurs histoires couvertes dans la presse internationale, influencer le changement de politique ou, tout simplement, en toute confiance, partager leur histoire dans les forums.

C´était bon à voir et incroyable d´en faire partie.


Accueil des participants lors du Festival Paza 2019

Récemment, quand je regardais dans la dernière messagerie vocale 2019  les histoires partagées de succès, d´échecs célébrés et de leçons apprises, j´ai compris que Voice a eu un impact sur ma vie personnelle. Il m’a donné l’opportunité de travailler malgré la distance. Grâce à la technologie, j´étais encore en mesure d´obtenir des resultats. Et grâce à ce privilège, j´ai fait plus d´effort pour que les parties prenantes ne sentent pas la distance entre nous.

Cela a eu d’autres effets sur ma vie personnelle. Quand j´étais occupée et que je n´avais pas à me stresser par rapport à ma vie non vécue, j´étais plus épanouie, une meilleure mère et épouse. Je le vois tous les jours dans mes garçons très confiants qui ont une vue de la vie très enrichie. En tant que famille, nous avons été en mesure d’explorer les différents pays d’Europe, ce qui, à son tour, nous a inspirés à prendre plus de temps pour voyager dans le monde. Et je suis toujours à la recherche de choses que je pourrais apporter pour enrichir le projet.

Maintenant que je suis de retour sur le continent (et que j´ai accès à une aide abordable), j’ai le temps et l’opportunité de partager les leçons apprises de Voice dans ma nouvelle maison, au Malawi. N’est-ce pas ce que nous appelons l’effet catalytique, l´élément de la réussite d’un projet où vous êtes en mesure d’inspirer les autres à copier votre travail ? Je pense que cela fait de moi un cas d´étude des Conséquences involontaires positives (Unintended Positive Consequence) de Voice. Ce qui, si vous me le demandez, est tout simplement grandiose, ou comme on le dit dans mon argot local, Poa Sana!

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