« L’expérience de la défense des droits humains est l’expérience d’un combat de toute une vie »
Voice et lex voix en l’honneur de la Journée des Droits humains
Publié le 10 Décembre 2020
Aujourd’hui est la Journée Internationale des Droits Humains. Cette journée est commémorée chaque année le 10ème jour du mois de décembre depuis l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’Homme en 1948 par l’Assemblée générale des Nations unies.
Elle décrète des droits inaliénables selon lesquels nul ne doit faire l’objet de discriminations fondées sur la race, la couleur, la religion, le sexe, la langue, les opinions politiques ou autres, l’origine nationale ou sociale, la fortune, la naissance ou tout autre statut.
Comme nous l’observons aujourd’hui dans le monde entier, cette journée a pour toile de fond le Covid-19 qui a fait évoluer les modes de vie de chacun vers une nouvelle normalité. Une nouvelle normalité qui contribue à une augmentation des violations des droits de l’homme. Au Kenya, par exemple, tôt un matin du mois de mai, le gouvernement a évincé près de 8 000 personnes, dont des enfants, dans le bidonville de Kariobangi Nord. Cette éviction s’est faite sans qu’il n’y ait d’alternative pour les abriter et au mépris d’une décision de justice demandant de ne pas les expulser. De même, le 15 mai 2020, le gouvernement a expulsé 1 000 familles d’un autre bidonville de Ruai. Les expulsions ont eu lieu par une nuit pluvieuse. Peu de temps ou d’alternatives ont été accordés à ces familles dont les vies ont été bouleversées par les pertes d’emploi attribuées à Covid-19.
Le Kenya et les Philippines
En tant que Voice, les défenseurs des droits de l’Homme et les organisations que nous appelons détenteurs de droits se sont tenus en travers des inégalités et ont criés la vérité au pouvoir, des organisations comme le Nubian Rights Forum et le Pastoralist Development Network of Kenya, basées au Kenya, qui remettent en cause la stratégie de numérisation que le gouvernement veut mettre en place. L’agenda du gouvernement kenyan est excellent, mais il exclut plus les minorités et, par ce biais, ils (Nubian Rights Forum) veulent faire entendre leur propre voix et créer un siège à la table des négociations. En outre, aux Philippines, la bravoure des défenseurs des droits de l’Homme (DDH) n’est pas suffisamment reconnue, car ils continuent à marcher sur des œufs dans la lutte pour les droits de tous. Malgré l’adoption d’une loi antiterroriste aux Philippines qui définit de manière très vague ce qu’est le terrorisme et qui est considéré comme terroriste, nos DDH ne sont pas restés reclus dans leur coin. Malgré des arrestations infondées et le marquage au fer rouge (ils sont étiquetés comme étant un front communiste), leur force ne faiblit pas, tout comme celle des communautés qu’ils servent.
Nous vous proposons ici un aperçu de leur expérience, et nous vous invitons à écouter leur cri de cœur .
Défenseur des droits de l’homme dans la province d’Aurora, Inc.
Une chose que les autres défenseurs doivent comprendre, c’est que nous ne devons pas considérer les victimes comme « d’autres personnes » et que nous ne devons pas les mettre dans une position inférieure à la nôtre. Ce qui me donne envie de célébrer la Journée des Droits de l’Homme, c’est la volonté et l’effort de parvenir à l’égalité. Avec le temps, j’ai réalisé que l’égalité ne signifie pas que lorsque nous bénéficions d’une action positive, nous obtenons automatiquement l’égalité d’accès. Pour moi, la défense des droits de l’homme est l’expérience de la lutte de toute une vie ; c’est pourquoi nous devons célébrer cette Journée des droits de l’homme, tant que nous vivrons dans cette impunité indéfectible ». Outre le marquage au fer rouge, notre sécurité et celle de dix membres de notre famille sont en jeu. D’autres membres du personnel de l’organisation ont été contraints de se rendre au camp militaire pour parler (et se rendre) aux militaires. En tant que défenseurs des droits de l’homme, nous sommes la cible d’attaques de la part des forces étatiques. Nous devons nous protéger et nous défendre, ainsi que notre organisation, contre la persécution de l’État tout en contribuant à la défense des droits de nos communautés locales. L’État impose des procès pour nous isoler, ainsi que d’autres organisations non gouvernementales progressistes, des organisations communautaires. Selon eux, il devrait y avoir un retrait du soutien aux « organisations de gauche », ce que les organisations locales ont refusé de faire. Les forces de l’État doivent continuer à respecter les droits de l’homme, en particulier le droit de former des associations et le droit de pétition ou de protestation auprès du gouvernement pour transmettre les demandes légitimes du peuple. Il faut mettre un terme à l’étiquetage rouge des organisations et des individus qui défendent activement des questions dans l’intérêt des groupes de défense des droits. La Cour suprême devrait donner suite aux pétitions que de nombreux groupes ont déposées en rapport avec la loi antiterroriste, mettant en doute la constitutionnalité de ladite loi« .
L’Indonésie
En Indonésie, Kania Mamonto, de l’organisation Asia Justice and Rights Indonesia, a fait part de leur appel passionné, comme on le verra ci-dessous.
Tout au long de mon parcours en tant que défenseur des droits de l’homme, j’ai réalisé que je pouvais aussi subir un traumatisme secondaire. J’ai le sentiment que plus mes relations avec les victimes sont intenses et dynamiques, plus je me sens blessé par l’empathie que m’inspire leur expérience douloureuse. Et je pense qu’il est très important pour les autres défenseurs de prêter attention à cette question.
De plus, des partenaires en Indonésie ont parlé à deux défenseurs des droits de l’homme et ils ont partagé ces vidéos qui sont toutes deux en Bahasa à ce moment.
La Tanzanie
En Tanzanie, la participation des femmes dans l’espace politique a toujours été faible et le patriarcat systémique n’a pas permis aux femmes d’occuper facilement des postes de pouvoir. L’année dernière, neuf organisations tanzaniennes ont rejoint le programme pour plaider en faveur d’un changement en termes de promotion de la participation des jeunes et des femmes à la vie politique. Parmi ces organisations figurent Tanga Paralegal Aid Scheme for Women and Children, Vision for Youth (V4Y) et Mwanamke na Uongozi (MnU), qui renforcent les capacités des femmes à être plus positive et à participer au leadership politique. Lors des dernières élections, trois femmes ont réussi à se présenter aux élections et, bien qu’elles n’aient pas remporté les dernières élections, elles sont plus enthousiastes pour encourager davantage de femmes à accéder aux espaces politiques. Écoutez, ici Bahati Hamadi, une femme leader qui s’est présentée aux élections en Tanzanie (Interview en swahili) Alors qu’elle est encore en Tanzanie, Okoa New Generation en Tanzanie fait entendre la voix des personnes handicapées, en particulier les jeunes des communautés indigènes, afin d’obtenir l’égalité des chances pour participer aux questions de démocratie et de développement.
L’Ouganda et le Cambodge
En tant que Voice, nous continuons à mettre en avant des défenseurs des droits de l’homme forts et passionnés ; notre attention se porte maintenant sur l’Ouganda. Populairement, appelé la Perle de l’Afrique ; nous y avons le Center for Constitutional Governance dirigé par Sarah Bireete qui travaille à réclamer et à protéger l’espace civique. Selon Martin Luther King, nos vies commencent à se terminer le jour où nous nous taisons sur les problèmes qui nous affectent directement. De la même manière, Richard Kawesa, auteur-compositeur et chanteur ougandais, a déclaré : « Un homme qui ne peut pas gagner équitablement sa vie par son travail n’a pas droit à la liberté ». La meilleure sauvegarde des droits de l’homme est une citoyenneté éclairée et habilitée. Alors que l’Ouganda célèbre le Centre pour la gouvernance constitutionnelle parmi d’autres partenaires travaillant sur différents domaines, le CamASEAN du Cambodge a fait face à la police. Le 23 septembre 2020, le fondateur du CamASEAN, Srun Sron, et ses collègues ont été arrêtés et détenus au poste de police local du district de Bati, dans la province de Takeo, pendant environ 10 heures pour leur activité en direct sur Facebook. Cela a grandement affecté les activités de CamASEAN car ils n’ont pas pu organiser leur exposition arc-en-ciel communautaire en face à face en raison de la restriction de la police. Lisez ici en Khmer le rapport.
Le Niger et le Mali
En Afrique de l’Ouest, plus précisément au Niger, des élections présidentielles se tiendront le 27 décembre 2020. Pour la première fois de l’histoire du pays depuis son indépendance en 1960, un président élu devrait succéder à un autre président lui-même élu et non porté au pouvoir à la suite d’un coup d’état. Pourtant, cette promesse d’alternance démocratique se double d’un rétrécissement important de l’espace civique et des libertés fondamentales dans le pays qui s’intensifie depuis fin 2017. Le Niger, qui a adopté des lois liberticides ces deux dernières années, est devenu le théâtre d’arrestations massives d’acteurs de la société civile et de journalistes et d’interdictions systématiques des manifestations pacifiques.
Trois membres de Tournons La Page-Niger arrêtés le 15 mars 2020 alors qu’ils dénonçaient un scandale de corruption au ministère de la défense nationale, passeront plus de six mois en prison avant d’être relâchés sans même qu’un jugement ait été rendu.
Ecoutez les témoignages de Moudi Moussa, Halidou Mounkaila et Maikoul Zodi.
Au Mali le partenaire COMADDH a fait une campagne qui traite de nombreuses questions mais une attention particulière était portée sur deux groupes détenteur de droits : les femmes et les jeunes.
Deux spectacles de Kunafoni (WEB TV) étaient dédiés aux défenseuses des droits des femmes : le premier concernait le droit des femmes à accéder à la terre ; le second sur les femmes défenseuses qui protègent les droits des femmes victimes de conflits. Le public présent lors des événements du « Kunafoni shows » (environ 200-300 personnes par épisode) était principalement composé de femmes et de jeunes, le message atteint donc l’audience cible désirée. Aussi, au cours du programme « Grand dialogue » enregistré par Studio Tamani, la défenseuse des droits humains Assaba Keita a évoqué les défis auxquels font face les femmes défenseuses des droits humains et leur travail important.
La campagne était aussi l’occasion de donner une voix aux défenseurs-ses des droits humains des minorités sexuelles. En raison de la discrimination, des menaces et des attaques qu’ils subissent, les défenseurs-ses des droits des minorités sexuelles au Mali doivent se cacher pour travailler : ils sont également marginalisés et isolés au sein même de la communauté des droits humains. Un défenseur qui œuvre en faveur de la protection des droits et à aider les personnes touchées par le VIH / sida s’est joint au Grand Dialogue pour parler de son travail et des défis auxquels il fait face.
Le programme radio a été diffusé sur un réseau de plus de 70 stations radio à travers le Mali, atteignant un très large public. De plus, deux partenaires du projet (Fatouma Harber à Tombouctou et Fatimata Touré à Gao) ont organisé une série de clubs d’écoute pour deux groupes de détenteurs de droits (femmes et jeunes).
Finalement, nous vous proposons d’écouter une slameuse, Mira Blanche Noire du Mali