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Journée mondiale de l’Internet : Partage d’expériences et de bonnes pratiques en matière de plaidoyer médiatique en Ouganda

Par Lauyah Nassejje and Joanna Namirimu – Facilitatrices de lien et apprentissage

Le 29 octobre était la journée mondiale de l’Internet. Les partenaires de Voice dans le groupe de la Communauté de pratique (CoP) du plaidoyer pour les médias en Ouganda, avec le soutien des facilitateurs de Voice lien et apprentissage, ont organisé un panel de discussion en ligne pour réfléchir à la façon dont l’internet, qui est un moyen de communication, a été exploité pour le plaidoyer pour les médias, mettre en évidence les meilleures pratiques, les défis et explorer des stratégies créatives pour diriger des campagnes médiatiques réussies dans un environnement civique de plus en plus restreint.

La discussion en ligne, qui a attiré 62 participants d’Ouganda, du Kenya, de Tanzanie et d’Indonésie, a été menée par l’orateur principal, M. James Nkuubi, directeur des programmes de Chitua cha Katiba, et deux intervenants, à savoir Mme Grace Kenganzi, chargée de communication au Center for Human Rights and Development (CEHURD), une organisation de défense des droits de l’homme en Ouganda qui défend le droit à la santé, en particulier chez les jeunes et les femmes. Le deuxième intervenant était Ritah Asiimire, chargée de communication au Center for Constitutional Governance (CCG), un partenaire de subvention de Voice influencing en Ouganda.

La discussion a été modérée par Agaba Anthony, président de la CoP sur le plaidoyer médiatique et coordinateur du projet Voice à COVOID, un partenaire subventionné par Voice qui plaide pour une réduction de la violence basée sur le genre (GBV) dans l’ouest de l’Ouganda.

L’orateur principal a centré sa discussion sur la façon dont nous pouvons exploiter l’internet pour un plaidoyer stratégique auprès des médias, en soulignant le fait que l’internet est un lieu très chaotique et qu’il appartient à l’utilisateur de le transformer en un outil conventionnel de communication.  Il a noté que l’internet est comme une épée à double tranchant qui fait ressortir le bon et le mauvais du chaos. Il peut être utilisé pour la résistance des citoyens ordinaires, en défiant la conformité.  Il s’agit d’une plateforme permettant de défendre des causes à la fois bonnes et mauvaises, ce qui pose la question de savoir si elle est vraiment destinée aux faibles. Il a souligné que Twitter a parfois été utilisé comme un espace de combat entre les citoyens et l’État. Il a également noté que de nombreux milléniaux utilisent l’internet comme un espace pour attirer l’attention et que nous devons donc tous être intentionnels dans la façon dont nous utilisons l’internet pour le plaidoyer.

Une capture d’écran prise lors de la discussion en ligne sur les expériences et les meilleures pratiques en matière de plaidoyer médiatique, organisée par les facilitateurs de lien et apprentissage en Ouganda.

L’orateur principal a basé la discussion sur six mouvements réussis[1] dans le monde comme exemples clés d’apprentissages qui ont enregistré une grande traction et un impact important en utilisant le plaidoyer médiatique parce qu’ils étaient robustes et ont atteint leur programme.

De cette discussion en ligne, l’orateur principal et les panélistes ont mis en évidence quelques points clés à retenir pour réussir à utiliser l’internet pour le plaidoyer médiatique :

  • Il est essentiel de comprendre l’échelle de l’engagement, qui comprend des niveaux d’engagement élevés, modérés et faibles, tels que l’abonnement, l’appréciation ou le partage, lors de la planification d’une campagne médiatique. Nous devons choisir le niveau d’engagement en fonction des personnes que nous voulons cibler et de leur position dans la hiérarchie du pouvoir, ainsi que de l’intensité de notre campagne. L’engagement de haut niveau peut aller au-delà de l’utilisation des plateformes numériques et se traduire par des réunions physiques et d’autres engagements en personne. Pour que le plaidoyer médiatique soit efficace, il faut un engagement à la fois numérique et physique ;
  • Individualisme ou collectivisme. Il faut choisir si la campagne doit être pilotée individuellement ou collectivement avec d’autres acteurs. Dans chacun de ces cas, la campagne nécessite un objectif clair et un plan de déploiement qui permet une diffusion plus intentionnelle des messages ;
  • Plaidoyer médiatique est une question de marketing de contenu. Il a été noté que la création de contenu ne concerne pas seulement l’industrie du divertissement mais aussi l’advocacy. Nous devons développer une stratégie de création de contenu afin d’éviter de nous réveiller et de poster des messages, mais plutôt une stratégie de création, de partage, d’attraction et de rétention ;
  • Vérification du profil : Il a été noté que votre profil sur Internet en dit long et qu’il faut donc se demander si le profil de l’individu ou de l’organisation est exploitable et s’il attire l’attention souhaitée. La vérification du profil doit être un processus continu afin de rester compétitif et attractif ;
  • Comprendre l’art de raconter des histoires, car nous sommes à l’ère de la manipulation de l’esprit. Ne faites jamais de plaidoyer en ligne et oubliez que les gens sont humains et que l’histoire doit être convaincante ;
  • Les visuels attirent plus d’attention que les textes. Vous devez donc développer une stratégie visuelle afin de survivre dans le monde compétitif des visuels. Notez que l’attention capte les luttes et que vous serez tendance lorsque vous sortirez du lot ;
  • Il est essentiel d’avoir une stratégie claire de défense des intérêts des médias pour guider votre campagne. Il est également important de disposer d’un plan de suivi et d’évaluation pour votre campagne afin de déterminer si elle est sur la bonne voie et si l’objectif est atteint ;
  • La sûreté et la sécurité sont également des éléments importants à prendre en compte pour surmonter les menaces telles que les piratages. En outre, en fonction de la question de la contestation, notamment lorsque l’État s’élève, vous devez être prêt et rester du bon côté de la loi ;
  • Les influenceurs de médias sociaux pour une campagne particulière sont essentiels pour promouvoir votre programme de plaidoyer afin d’augmenter sa portée et son engagement ;
  • L’élaboration d’une histoire autour d’une question telle que le changement climatique ou la violence sexiste nécessite une compréhension complète du problème. L’aspect humain du problème doit être dépeint tout en assurant le respect des personnes affectées ; et,
  • En ce qui concerne le Computer Misuse (Amendment) Bill, 2022 pour l’Ouganda, qui vise à renforcer les dispositions relatives à l’accès non autorisé aux informations et aux données, entre autres, les participants ont été invités à se concentrer sur les aspects positifs de cette loi, car elle vise également à protéger les droits de certaines personnes, ce que les défenseurs des droits de l’homme ont toujours réclamé. Cependant, il est également vrai qu’une partie de la population s’inquiète de cette loi.

A la fin de ce débat en ligne, les participants ont convenu qu’Internet joue un rôle essentiel dans la mobilisation des médias. La discussion est arrivée à point nommé, compte tenu de la pertinence croissante de l’utilisation d’outils basés sur Internet dans le cadre de la sensibilisation. Il est donc nécessaire de poursuivre cette conversation dans d’autres espaces, à la fois au sein du programme Voice et au-delà, afin de réfléchir aux améliorations continues de nos interventions et de nos efforts de plaidoyer pour ne laisser personne de côté.

[1] Le mouvement de résistance au Soudan, le mouvement Me-Too dans le monde, le mouvement Fees Must Fall en Afrique du Sud, le mouvement Black Live Matter aux États-Unis, le mouvement Togikwatako (Don’t Touch It) en Ouganda et la campagne Take Back The Loan au Kenya et en Tanzanie.

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