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S’élever au-delà de l’obscurité

La force des survivantes de la fistule

Par Fatuma Matemu, Amplificatrice de Voice, équipe de Coordination Globale

Genèse

Le corps féminin a la capacité spéciale de donner naissance. Cela est considéré comme un don lorsque cette capacité est associée au choix d’avoir des enfants. Toutefois, pour de nombreuses femmes, en particulier dans les pays en développement, les décisions concernant leurs corps sont prises par la communauté, sans demander leur avis. L’inégalité structurelle et systématique entre les sexes se manifeste dans des pratiques culturelles néfastes comme les mutilations génitales féminines (MGF) et les mariages précoces. Ces pratiques transforment le don de la maternité en une malédiction. Avec la Covid-19 qui change notre vie telle que nous la connaissons, on ne peut que s´inquiéter pour l’avenir. Comme cela a été démontré par l’histoire, en particulier pour les groupes vulnérables, la marginalisation et la discrimination ont tendance à exacerber et approfondir toute calamité, qu´elle soit naturelle ou non.

Que signifie cela pour les millions de femmes et de filles du Sud ?

Pour trouver la réponse à cette question, je sollicite la bibliothèque ultime, Google. Google échoue rarement. Il existe une mine d’informations sur l’impact du coronavirus sur les femmes et les filles. Un article particulier publié par le Fonds des Nations Unies pour la population a retenu mon attention :« On estime que la pandémie entraînera également des retards considérables dans les programmes pour mettre fin aux mutilations génitales féminines et le mariage des enfants, provoquant environ 2 millions de cas supplémentaires de mutilations génitales féminines au cours de la prochaine décennie. Ces retards de programmes, en plus des difficultés économiques croissantes au niveau mondial, pourraient entraîner environ 13 millions de mariages supplémentaires d´enfants de plus de 10 ans. »

Source UNFPA.

Le moins que l´on puisse dire, c´est que tout cela est dévastateur.

Les mariages d’enfants conduisent à des grossesses précoces. Quand le corps d´une jeune femme est forcé de porter des enfants, cela a des conséquences. Nous pourrions nous focaliser sur les effets économiques, sociaux et psychologiques. Mais voyons d’abord les effets physiques, qui, sans surprise, affectent également les trois autres. Le risque de mortalité infantile et maternelle est réel dans les pays du Sud. C´est donc sans surprise que l’accès aux soins de santé est le 3e objectif de développement durable.


La bonne santé et le bien-être sont l’ODD 3

Données sur la fistule

La fistule est une lésion obstétricale causée par une dystocie prolongée sans accès à des services médicaux d’urgence. La fistule ne peut être corrigée que par la chirurgie. En particulier dans les zones rurales, non seulement les centres de santé sont rares et difficiles d´accès, mais en plus ils manquent de personnels adéquats et sont sous-équipés. Cela les rend pratiquement inutiles lorsque les femmes éprouvent des complications pendant et après l’accouchement.

Entre 50 000 et 100 000 femmes sont touchées par la fistule chaque année. Il est estimé que plus de 2 millions de jeunes femmes vivent avec une fistule obstétricale non traitée en Asie et en Afrique subsaharienne.

Organisation mondiale de la santé

En raison de l’incontinence urinaire et fécale, les femmes atteintes de fistule sont privées de leur dignité. Elles sont souvent abandonnées par les membres de leur famille les plus proches, y compris leurs partenaires. Il s’agit d’un cauchemar psychologique qu’elles endurent le plus souvent toutes seules. Cette situation limite leur participation aux activités sociales et économiques, les conduisant ainsi à plus d’isolement profond. L’accès à la chirurgie est un luxe que beaucoup d’entre elles ne peuvent pas se permettre. Et même quand elles sont en mesure de surmonter ce cauchemar, la réinsertion sociale est difficile et elles continuent encore « à se cacher » en raison de la stigmatisation qu´elles ont une fois subie.

Aller au-delà de la fistule

Il est dans la nature des femmes de s’élever au-delà de leur situation. Elles saisissent la chance de changer cette situation quand cela est possible et s’en tiennent à cela. Dans les lignes qui suivent, nous attirons l’attention sur le travail de trois partenaires locaux travaillant avec des survivantes de la fistule au Kenya, au Mali et au Niger.


Les voix de l’espoir – Survivre à la fistule

Au Kenya, Voice soutient WADADIA, une partenaire mondiale d´Innovation et Apprentissage et lauréate du prix NOW-Us 2019! WADADIA a été fondée par des survivantes de la fistule pour soutenir d’autres survivantes de la fistule à reprendre leur vie. L’organisation s’associe à la Fondation Fistula pour aider les femmes atteintes de fistule à subir une chirurgie corrective. Avec le projet Voices of Hope, les femmes sont membres d’un groupe de soutien où elles participent à des counselings de groupes et à des formations sur diverses activités génératrices de revenus comme la broderie perlée, la coupe et couture ainsi que la coiffure. La vidéo ci-dessus a été soumise dans le cadre de leur présentation de proposition à Voice.



Mariam avec sa moto ambulance

Au Mali, Voice travaille avec la Plateforme d’initiatives, d’expertise, d’éducation et de soutien aux organismes locaux décentralisés ou PIEAPCD, une partenaire d’Innovation et Apprentissage pour prévenir la fistule grâce à l´amélioration des transports. Ici, les femmes ont, à juste titre, pris la situation en main. Elles ont investi leur temps et leur énergie pour apprendre à conduire et à utiliser des motos qui servent d’ambulances pour les femmes enceintes. L’histoire de Mariam, l’une des conductrices, a été présentée alors que cette année nous sommes émerveillés.

Les survivantes de la fistule au Niger ont trouvé leur voix en s’exprimant à travers l’art. Avec le soutien d’OralitePlus, une partenaire d’Innovation et Apprentissage de Voice, les survivantes du Niger partagent leur histoire à travers le slam, la peinture, la sculpture et la marionnette. L’histoire  de Mariama est l’une des nombreuses que nous avons présentées et un poème de Rahina, la conteuse et chef de projet d’OralitePlus, est le dernier de cette année.

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