Par Boulaphan Phonesavanh, Chargé de Lien, Apprentissage et Amplification, Voice au Laos

« Les personnes en situation de handicap peuvent elles aussi faire quelque chose de grand« , a déclaré avec un sourire fier Madame Chanpheng Sivilay, directrice de l’Association des femmes en situation de handicap ou WWDA, à l’équipe de Voice au Laos lors de sa visite dans la province de Sekong. WWDA, anciennement connue sous le nom de Lao Disabled Women Development Center, est une association dirigée par des femmes en situation de handicap qui se consacre à la défense des droits et à la reconnaissance des femmes en situation de handicap. Elle milite pour l’égalité des chances et soutient leur autonomisation afin qu’elles prennent leur place dans la société. WWDA met en œuvre un projet d’influence soutenu par Voice, qui vise à promouvoir conjointement l’inclusion et la participation active des personnes âgées et des personnes en situation de handicap dans la société laotienne.

« J’ai obtenu mon diplôme universitaire, mais je n’ai pas encore été placée dans un service gouvernemental« , a déclaré Laikeo Somsa-at, une femme de 31 ans atteinte de poliomyélite. À l’instar des autres personnes en situation de handicap, il est plus difficile pour les personnes en situation de handicap du Laos d’effectuer certaines activités. Laikeo a fait part de ses difficultés à gagner sa vie grâce au groupe d’entraide des personnes en situation de handicap et des personnes âgées de la province de Sekong. Laikeo s’est souvenue des difficultés qu’elle rencontrait lorsqu’elle était enfant, faisant plus d’efforts que les autres enfants pour effectuer les tâches ménagères, cultiver la terre et même jouer. « Même si la société s’ouvre aujourd’hui à nous, tout le monde n’apprécie pas nos compétences« , a-t-elle ajouté.

Thonglai Thammavong, un vétéran de 68 ans qui a perdu sa main gauche pendant la guerre, estime que la création du groupe d’entraide pourrait les aider à faire entendre leur voix et à mettre en valeur leurs capacités.

« Ce groupe renforcera non seulement la solidarité des personnes en situation de handicap, mais leur permettra également de prendre conscience de leur valeur. Plus important encore, elles pourraient utiliser cet espace pour renforcer leurs capacités et partager leurs connaissances les unes avec les autres et les diffuser à l’extérieur afin qu’ils puissent voir nos capacités. » Il a également exprimé sa gratitude à Voice : « J’ai noté que c’était une merveilleuse occasion pour les personnes en situation de handicap de participer au projet. Je peux voir la durabilité du projet, ce qui sera sans aucun doute à notre avantage à long terme. » Avec l’initiative de créer un fonds villageois pour les personnes en situation de handicap, il aspire à favoriser l’amélioration de la situation des personnes en situation de handicap dans la communauté.

La création de groupes d’entraide s’inscrit en effet dans la vision du gouvernement lao d’améliorer la participation des personnes en situation de handicap à la société. M. Kaet Dalaphaeng, directeur du département de la protection sociale de la province de Sekong et allié solidaire, a partagé sa vision du projet : le gouvernement continuera à soutenir ces groupes d’entraide même après la fin du soutien apporté par le projet Voice. « Nous continuerons à soutenir la WWDA dans la mise en œuvre du projet et à encourager les groupes d’entraide à trouver des débouchés afin qu’ils puissent générer des revenus leur permettant de conserver leurs moyens de subsistance« , a-t-il déclaré avec fermeté.

« En effet, les personnes en situation de handicap sont pleines de potentiel et d’ardeur au travail. Mme Phoutsadee Tangphaxay, une femme de 44 ans qui a des problèmes d’audition, a partagé son point de vue. « Le fait que nous ayons une déficience physique nous amène à être plus délicats lorsque nous faisons quelque chose. Cela vaut donc la peine de nous fournir un espace de travail, tant dans les agences gouvernementales que dans les entreprises du secteur privé« . Elle a également fait part de son idéal de vie à l’avenir : « J’aimerais que les personnes en situation de handicap puissent occuper l’espace, s’engager et participer davantage à la société, et qu’elles soient incluses dans les processus de prise de décision qui nous bénéficieront directement. Je voudrais prouver que si on nous donne une chance, nous pouvons être l’une des forces motrices du développement de la nation, à l’instar de ce que peuvent faire les personnes non handicapées. J’y crois vraiment.