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L’avenir est féminin, équitable… et numérique!

Par Mengo, Chargée de Lien, Apprentissage, et Amplification, Voice au Kenya

Les femmes, les sympathisants des femmes et les alliés se sont réunis le 8th mars 2023 pour marquer et célébrer la 111th « Journée internationale de la femme ». Diverses organisations, groupes, mouvements et collectifs se sont réunis, ont défilé, ont lancé des initiatives, ont fait part de leurs réalisations, ont publié des communiqués de presse, etc. Il n’y avait pas de limite à la manière de marquer une journée qui reconnaît et célèbre au niveau international le travail accompli par les femmes au fil des ans, tout en reconnaissant qu’il existe encore des lacunes qui empêchent les femmes de jouir pleinement des droits de l’homme.

Les célébrations de cette année, à l’invitation de Defender’s Coalition, m’ont trouvée à Nairobi, au Kenya, parmi des dizaines et des dizaines de femmes défenseurs des droits de l’homme (DDH) de tous les horizons possibles. Rien ne m’avait préparée à la diversité des mentalités et des attitudes dans une salle unie par le même but et le même objectif, à savoir la défense des droits humains des femmes par les défenseuses des droits humains. Les domaines d’intervention des défenseuses des droits humains présentes dans la salle allaient des droits à la santé sexuelle et reproductive aux droits des LGBTIQ, en passant par les droits de propriété (fonciers), les droits des enfants, la participation politique et civique des femmes, etc. et il était rafraîchissant de les écouter se présenter avec tant de fierté, d’engagement et d’enthousiasme dans leur travail.

Le thème de cette réunion de trois jours tournait autour de la façon dont nous (en prenant la responsabilité ici) pouvons tirer profit des espaces numériques et également rendre les espaces numériques plus sûrs pour les défenseuses des droits humains avec les outils qui nous entourent et qui sont en nous. Si nous reconnaissons que la technologie nous a offert des possibilités infinies de création, de connexion, de reportage et de communauté, il ne nous échappe pas qu’elle nous a également exposées aux menaces, au danger, à l’intimidation, au trolling et à l’exploitation. Nous reconnaissons également le fait que les femmes ont toujours été utilisées comme des armes contre les belligérants ou comme monnaie d’échange au profit de tous les autres sauf d’elles-mêmes. Les femmes sont un groupe vulnérable dans les événements qui posent des menaces à la sécurité, que ce soit sur le plan social, politique ou économique, et à ce titre, le fait que les défenseuses des droits humains défendent les droits humains des femmes n’est pas seulement logique, c’est aussi la réunion des différents domaines d’intérêt dans la salle qui est examinée sous un angle intersectionnel et sain.

Le forum a été l’occasion d’un mélange de moyens d’apprentissage : discussions en panel, sessions interactives de débriefing, conversations facilitées et apprentissage de pair à pair. Ce qui m’a le plus marqué, ce sont les tables rondes sur la sûreté, la sécurité et le bien-être des défenseuses des droits humains à l’ère numérique et les sessions très bien animées sur le cadre juridique de la protection des données : Droits et obligations prévus par la loi sur la protection des données de 2019 et Conformité des données : Actions prioritaires pour les défenseurs des droits humains afin de promouvoir la gouvernance des données en 2023. Voyons brièvement ce qui m’a marqué dans ces deux sessions.

Sûreté, sécurité et bien-être des défenseurs des droits humains à l’ère numérique (le cas des médias sociaux)

Les plateformes de médias sociaux sont à la fois une bénédiction et une malédiction selon la manière dont on les utilise. C’est l’un des canaux d’expression les plus puissants du monde moderne. Pour les défenseuses des droits humains, les plateformes de médias sociaux peuvent être considérées comme un cadeau qui ne cesse de donner en termes de diffusion d’informations, de mise en réseau, de suivi et de rapport chaque fois que le besoin s’en fait sentir. Contrairement aux médias traditionnels, on est libre de choisir et de contrôler le contenu, l’audience et la communauté qui s’alignent sur le contenu, a fait remarquer l’une des panélistes, et c’est là toute la beauté de la chose. Dans certains cas, il s’agit du moyen le plus rapide de faire passer un message, de mobiliser les masses face à une certaine injustice et même d’engager les autorités et les différents acteurs dans les cas de violation des droits de l’homme. Tout ce dont vous avez besoin, c’est d’un hashtag avec lequel les gens peuvent interagir en grand nombre et cela devient une nouvelle nationale et même internationale, comme l’a montré récemment #JusticeforChiloba.

Si les médias sociaux ont eu leurs avantages, ils ont aussi servi de plateforme toxique utilisée pour traumatiser, harceler, intimider et faire honte aux femmes qui s’y expriment.

La règle cardinale pour nous, utilisateurs des médias sociaux, est donc de veiller à votre sécurité numérique lorsque vous utilisez les médias sociaux ou tout autre espace numérique ;

  • Évitez de mettre des informations d’identification personnelle sur vos comptes de médias sociaux.
  • Renseignez-vous sur la manière de renforcer vos comptes numériques
  • Utiliser les outils de sécurité intégrés aux plateformes de médias sociaux, tels que l’authentification à deux facteurs (2FA).

Et comment pouvons-nous, en tant que défenseuses des droits humains, faire face à la violence en ligne qui peut être exercée contre nous, même après avoir respecté les règles de sécurité ?

  1. Document !
  2. Rapport !
  3. Demandez de l’aide ! et
  4. Prévenir de nouveaux abus en mettant en place des facteurs d’atténuation.

Protection des données : Droits et obligations prévus par la loi sur la protection des données de 2019 et Conformité des données : Actions prioritaires des DRH pour promouvoir la gouvernance des données en 2023.

La Constitution du Kenya garantit le droit à la vie privée en tant que droit fondamental. Pour donner effet à ce droit constitutionnel en vertu de l’article 31(c) et (d), la loi sur la protection des données, 2019 a été promulguée et est entrée en vigueur le 25 novembre 2019. Les progrès vers la mise en œuvre ont commencé en novembre 2020 avec la nomination du commissaire à la protection des données et la mise en place du bureau du commissaire à la protection des données.  Le 15 janvier 2021, le secrétaire du cabinet des TIC a nommé le groupe de travail pour l’élaboration du règlement général sur la protection des données, avec un mandat de six mois, dont le mandat comprend l’élaboration du règlement sur la protection des données, l’audit de la loi, l’identification des lacunes ou des incohérences dans la loi, et la proposition de toute nouvelle politique ou cadre juridique et institutionnel qui pourrait être nécessaire pour mettre en œuvre la loi, ainsi que d’autres tâches liées à la mise en œuvre complète de la loi.[1]

Il était rafraîchissant d’explorer la façon dont la loi a contribué à la protection des données personnelles au Kenya. Dans le domaine des défenseurs des droits de l’homme, il s’agit d’une grande victoire, car les défenseurs des droits de l’homme, et en particulier les défenseurs des droits humains, courent un plus grand risque de voir leurs données personnelles exposées par des parties malveillantes lorsqu’ils dénoncent des injustices ou des cas de corruption, mettant ainsi leur vie et celle de leurs proches en danger.

En bref

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le forum était unique en son genre, avec même une section sur un débriefing collectif pour vérifier la santé mentale et la conscience de soi des défenseuses des droits humains présentes dans la salle. La cerise sur le gâteau a été le lancement du réseau #Ni Mama, un collectif de défenseuses des droits humains destiné à renforcer les femmes qui participent à la défense des droits de l’homme dans leurs communautés respectives.

A portrait photo of a woman/of Mengo sitting on an office chair and facing the camera.
Emma Mengo, chargée de la lien, apprentissage et amplification de Voice au Kenya

Alors, à toutes les femmes qui défendent les droits humains ;

Sisi hatutaki kudhulumiwa

Hatutaki tena mauaji

Ili kupe tuliangushe

Haki na Uhuru Zichanue

Il s’agit d’une chanson « mapambano », c’est-à-dire l’hymne de la lutte de libération après l’indépendance du drapeau. Elle est interprétée par le mouvement « Kenya Tuitakayo » et vise à créer une solidarité entre les Kényans qui prônent une nation respectueuse des droits de l’homme et de la justice.  Ce vers se traduit approximativement par :

Nous ne voulons pas être violés/abusés

Nous ne voulons plus de tueries

Pour que nous écrasions la tique

La justice et la liberté fleurissent

[1] https://www.dataguidance.com/notes/kenya-data-protection-overview; accessed on 15.03.2023

 

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