Un parcours organisationnel au service des personnes ayant un handicap psychosocial en Indonésie 

Dans Voices of Change, nous nous focalisons sur la documentation des changements et de l’impact au niveau individuel, mais aussi – et un peu plus rarement – sur l’évolution d’une organisation. Cette fois, nous avons le privilège de raconter l’histoire de l’Association indonésienne pour la santé mentale basée à Jakarta – à l´occasion de la Journée mondiale de la santé mentale.  (10 octobre) 

Les personnes ayant un handicap psychosocial, affectées par leur état de santé mentale, continuent de se battre pour leurs droits et leurs besoins.  Elles méritent de s’épanouir et ne veulent pas se contenter de survivre.  En Indonésie, le manque de services appropriés pour faire respecter leurs droits fondamentaux constitue un frein pour cela. Elles sont laissées pour compte non seulement par les institutions d´aide sociale, mais aussi par leurs propres familles.  Elles sont confrontées à des obstacles pour accéder, entre autres, à l’emploi et à l’éducation. Les femmes ayant des handicaps psychosociaux font face à des fardeaux supplémentaires telles que le harcèlement sexuel et la violence lorsqu’elles visitent les institutions d’aide sociale. 

C’est avec ces obstacles à l’esprit que l´Association indonésienne pour la santé mentale (IMHA en anglais), un ancien partenaire d’autonomisation de Voice en Indonésie, s’est focalisée sur le déblocage des capacités et du potentiel des femmes ayant des handicaps psychosociaux, brisant des barrières pour arriver à cette fin. L´IMHA est fermement convaincue que le renforcement des capacités peut soutenir les défenseurs des droits des femmes, en utilisant leurs propres voix pour sensibiliser et revendiquer leurs droits.  

Une série de formations ont été organisées pour les participants détenteurs de droits afin de créer des messages sur les défis auxquels ils sont confrontés et la manière dont ces messages pourraient être amplifiés.  Voici quelques exemples.  

Une trajectoire sur la façon de produire une vidéo faisait partie de tout un module journalistique. Il était focalisé sur la façon de réaliser de courtes vidéos à l’aide du téléphone portable, qui est, de surcroit, l’équipement le plus accessible pour tous les participants. 

Et les résultats sont là pour le confirmer! 

Les vidéos ci-dessous ont été réalisées par les détenteurs de droits eux-mêmes.  Ils ont tout fait tous seuls : de la création du script au montage, en passant par la préparation de la scène.  Ils se sont relayés pour être scénaristes, cameramen, etc. Leurs histoires sont leurs propres réalités vécues, montrant par exemple les difficultés à postuler pour un emploi.  Dans la plupart des cas, le handicap psychosocial n’est pas considéré comme un handicap et ne peut donc pas être indiqué sur les formulaires de recherche d´emploi ou les manuels de bureaux des ressources humaines.  La vidéo a été créée pour réfléchir à la situation qui montre une lacune dans l’accès à leur droit au travail. 

Les participants ont trouvé amusante et séduisante cette méthode de relayer les messages à travers la vidéo. Par conséquent, ils l’ont adoptée comme approche de leur organisation.  L’IMHA est en train de réaliser plusieurs autres courtes vidéos sur différents sujets, toutes liées aux défis auxquels font face les personnes ayant une déficience psychosociale:  le harcèlement scolaire, les problèmes liés à l’emploi, le harcèlement sexuel, la discrimination dans la famille, dans le quartier et les problèmes d’héritage.  Voici une vidéo montrant les défis d’accès à la médecine psychiatrique.  L’organisme indonésien de soins de santé et de sécurité sociale ne couvre pas financièrement la quantité appropriée de doses requises. 

Pour étendre leur travail de plaidoyer, l´IMHA a travaillé en collaboration avec Human Rights Watch et certaines institutions gouvernementales sur un nouveau rapport intitulé «Living in chains: Shackling of People with Psychosocial Disabilities WorldWide – Vivre enchainé : l’usage des chaînes pour contenir les personnes ayant un handicap psychosocial dans le monde ».  Ce rapport examine la manière dont les personnes souffrant de troubles mentaux sont traitées à leur domicile ou dans des institutions d´aide sociale, influencées par la stigmatisation et le manque de services appropriés et fondés sur les droits. Ensemble, ils ont examiné l’état actuel des institutions d´aide sociale en Indonésie et ont documenté comment les traitements inhumains et les abus de pouvoir continuent de prévaloir.  

Toutefois, ces constations n´ont fait que renforcer leur détermination à lutter pour les droits des personnes ayant un handicap psychosocial, en particulier en faisant appel à l´attention et à l’action du gouvernement. En collaboration avec d’autres organisations, ils sont prêts à mettre en œuvre des programmes liés aux droits du travail des personnes ayant un handicap psychosocial. 

Et ils se préparent également pour le contrôle judiciaire sur la tutelle qui pourrait permettre aux détenteurs de droit de s’approprier leur pouvoir de décision. Tout cela pour les amener à prospérer et non pas seulement à survivre!  

Leur message pour vous est le suivant : 

«Les personnes ayant un handicap psychosocial ont les mêmes droits que les autres. Selon la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CRPD), il ne devrait y avoir aucune discrimination. Les personnes ayant un handicap psychosocial ont les mêmes besoins et droits que vous. Les soins de santé appropriés ne sont qu’un aspect. Comme vous, elles ont également le droit au travail, à l’éducation et au logement.  L’Indonésie a ratifié la CRPD en 2011, et le gouvernement doit s’en tenir à cela et respecter nos droits comme il le fait pour les autres personnes. »