Apres la clôture de notre project……….
Les conductrices du Mali parlent
Ecrit par Sitan COULIBALY, Responsable de Lien, Apprentissage et Communication Voice à OXFAM-Mali
Le 23 mai est la journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale. Au Mali, on estime qu’il y a 600 nouvelles femmes fistuleuses par an. Pour réduire ce taux, notre partenaire PIEACPD, (Plateforme d’Initiatives, d’Expertises en Éducation et d’Appui à la promotion des Collectivités Décentralisées) a développé une meilleure approche pour atteindre les femmes potentiellement touchées. L’une de ces solutions a été d’améliorer le système de transport pour accéder aux services de santé sexuelle et reproductive. Leur projet Prévention et réponse à la fistule obstétricale par l’amélioration des transports -financé par une subvention d’Innovation et Apprentissage- vient de prendre fin après deux ans d’exécution mais avec des résultats remarquables.
C’était quoi les expériences des femmes conductrices ? Dans ce blog les détentrices de droits – dans ce cas les survivantes des fistules parlent.
L’innovation de ce projet a été centrée et dirigée par les femmes survivantes elles-mêmes pendant 2 ans pour soutenir d’autres survivantes ainsi que pour empêcher d’autres femmes de subir le même sort.
La plupart des cas de fistule dans les villages est dû au retard dans le transport vers le système de santé, c’est dans ce cadre que le projet a fourni 3 motos-ambulances conduites par les femmes en âge de procréer et des survivantes de fistule afin d’offrir un meilleur accès aux installations de santé. Et donc de minimiser les risques en matière d’obstétrique, y compris les fistules obstétricales. Elles se concentrent également sur la sensibilisation des femmes à leur santé et à leurs droits en matière de procréation.
Pour Sitan Founè KEITA, 24, mariée et mère de deux enfants et conductrice de moto ambulance l’experience était riche et inoubliable.
Avant le projet, j’étais confinée dans mon foyer bien que j’eusse bénéficié de la référence et d’une prise en charge médicale par l’hôpital. Je suivais régulièrement les visites de contrôle auxquelles j’étais assignée, et aujourd’hui je suis guérie.
Les femmes survivantes de fistule sont mises à l’écart par la société, les autres femmes les dénigrent avec des mots blessants. Les conjoints de certaines les abandonnent, d’autres sont laissées à elles-mêmes car la famille du conjoint ne veut plus d’elles.
Ce sont ces causes qui m’ont donné du courage à faire les actions de sensibilisation de l’ONG PIEAPCD, à travers ces activités j’ai eu confiance en moi, aujourd’hui je partage mon expérience et je parle au nom des milliers de femmes pour que la communauté puisse arrêter de nous marginaliser.
Après les séries d’apprentissage j’ai déjà effectué 8 évacuations du village au Centre de Santé Communautaire, je sais utiliser un téléphone en cas d’alerte, ma situation financière s’est améliorée, et j’ai retrouvé le réconfort dans un environnement social plus sécurisé, A travers ces activités je suis consultée pour les prises de décision qui concernent les femmes au niveau de notre centre de santé. Et nous sommes en train de mettre des stratégies en place pour continuer avec les motos ambulances après la clôture du projet.
Président de l’association de santé communautaire de Dioro
C’est une première pour le village de Dioro et environnant d’avoir un tel projet. PIEAPCD travaille avec les femmes pour soutenir d’autres femmes dans le cadre de référence-évacuation pour l’amélioration des soins de la santé et de la reproduction au niveau communautaire.
Nous allons travailler désormais ensemble pour mieux impliquer les femmes à la gestion des urgences obstétricales, l’initiative des motos-ambulances est une aubaine pour nous, les femmes pourront conduire elles-mêmes, et réduire le 1er retard.