Lakbayan/Kampo ou Marche/Campagne pour mettre fin à la contractualisation des travailleurs est une réponse au harcèlement subi par les travailleuses d’une grande entreprise privée appelée DBSN Farms Agriventures, Inc. La campagne s’étend d’Albuera et de Leyte à la capitale Manille pour mettre un terme aux abus de la direction de DBSN et pour qu’elle se conforme aux normes de travail et respecte les droits des travailleuses. Grâce aux efforts concertés de Bantay Kita, du groupe de femmes Oriang, du syndicat des travailleurs de DBSN – SUPER Fédération, et des organisations civiles partenaires, cette campagne élargit l´environnement favorable pour une participation citoyenne des travailleuses dans un dialogue avec les organisations responsables.

Outre les efforts de mobilisation vers leur camp Lakbayan à Manille, le projet organise une série de sessions de partage avec des étudiants et d’autres groupes de soutien, tenant des conférences de presse et des forums pour amplifier les expériences et les appels à la justice de ces femmes. Le projet prévoit la fin de la contractualisation, la fourniture d’emplois réguliers et décents aux travailleuses, l’amélioration des conditions de travail et de vie de ces travailleuses et de leurs familles, et la réduction des cas d’abus et d’exploitation des femmes et des travailleurs vulnérables. Ce projet crée une plateforme où les travailleurs concernés eux-mêmes peuvent exprimer leurs demandes et être entendus, incitant d’autres secteurs à agir, effectuant ainsi les changements nécessaires.

Aileen Claros est devenue très tôt une mère célibataire et a travaillé dur pour élever son enfant. Elle s’est mise en couple alors qu’elle travaillait, mais s’est séparée car son partenaire voulait qu’elle démissionne de ses fonctions de leader au sein du syndicat.

En tant que soutien de la famille, c’était un défi pour elle d’occuper un poste de direction au sein du syndicat des travailleurs de DBSN. Même si elle n’a pas terminé ses études, cela n’a pas empêché Aileen de s’adapter et de comprendre le droit du travail. Elle a été capable d’apprendre facilement les lois du travail et de faire le lien avec sa situation dans le syndicat. Malgré ses craintes, elle est la plus calme des leaders syndicaux. En fait, pendant son emprisonnement, elle s’est davantage préoccupée de ses collègues détenus dans des prisons contrôlées par l’armée.

À l’heure actuelle, elle travaille comme aide-soignante à Cebu City pour payer les études de son enfant, mais elle assiste régulièrement aux réunions du syndicat. Pour Aileen, défendre les droits des travailleurs est la responsabilité de tous les travailleurs.

Les membres d’Oriang mettent en scène l’agonie des travailleuses contractuelles lors de la commémoration de la Journée internationale de la femme, le 8 mars 2019.

Afin d’atteindre les objectifs fixés pour ce projet de campagnes visant à mettre fin à la contractualisation des travailleurs, Bantay Kita a mis en œuvre une approche à deux volets (sur la campagne nationale contre la contractualisation /  » mettre fin à endo » et lors de la campagne visant à mettre fin aux licenciements illégaux, aux harcèlements, aux menaces et à la contractualisation des travailleurs dans les DBSN Farms Agriventures à Albuera, Leyte). Oriang faisait partie de la campagne multiforme qui a mobilisé différentes parties prenantes : travailleurs, fédérations, organisations non gouvernementales (ONG), église et autre religion, étudiants/académies, groupes de défense de l’environnement et mouvements sociaux, en collaboration avec les travailleurs concernés de DBSN qui étaient à la tête de la campagne.

Les travailleurs de DBSN ont activement rejoint et partagé avec les gens la mobilisation, et le grand public a été sensibilisé à leur situation critique, à leurs demandes et aux actions à mener pour obtenir les changements nécessaires. Le processus par lequel les syndicalistes et les femmes victimes d’intimidations et de harcèlement infligés par la direction a été géré à travers des actions collectives et des mécanismes de soutien. Ils ont appris à connaître leurs droits, les raisons pour lesquelles ces actes se produisaient et pourquoi ils devaient se battre et lutter à travers leurs actions collectives.

Leurs actions ont forcé leur employeur à verser finalement le salaire du 13^e mois et les autres indemnités obligatoires aux travailleurs qui étaient encore liés à l’usine, qui espéraient bénéficier de toutes les autres prestations obligatoires prévues par la loi. Ils ont également compris ce que l’action collective peut faire contre les pouvoirs d’un grand propriétaire d’entreprise.

Bien qu’ils n’aient pas été en mesure de mettre fin aux mauvaises pratiques de contractualisation du travail, les partenaires ont été en mesure d’autonomiser les travailleuses de DBSN et ont été à leurs côtés à chaque étape du processus, même dans les moments difficiles où elles ont dû faire face à des poursuites judiciaires intentées contre elles par DBSN.