Le projet « Transformer la vie des groupes de femmes rurales dans le district de Nwoya » de Lutino Adunu vise à développer l’éducation financière et l’association villageoise d’épargne et de crédit (VSLA) comme outil de développement économique. Le projet améliore le statut financier et économique des femmes en matière de moyens de subsistance, de développement durable et de résilience. Il vise à renforcer les capacités des groupes de ménages des femmes en leur donnant des compétences commerciales en matière d’épargne financière et d’autonomisation économique. Il soutient les groupes de femmes en leur apportant une aide financière pour le démarrage de leurs activités et l’augmentation de leurs revenus ; à renforcer la capacité des groupes de ménages des femmes à participer efficacement à la prise de décision au sein du ménage et de la communauté. Le projet vise un total de 500 bénéficiaires directs et 1000 bénéficiaires indirects (membres des ménages) dans le sous-district de Goma, dans le district de Nwoya, en s’appuyant sur les succès obtenus dans le sous-district d’Anaka depuis quelques années.

L’histoire d’un dessin, d’un club de lecture et de la transformation de la vie de femmes rurales à Nwoya

Certaines histoires sont longues, d’autres sont courtes. Celle de Lutino Adunu est longue. Elle commence avec un enfant né en captivité qui dessine l’image d’un garçon pointant une arme sur le front d’un autre enfant. Cette image a suscité le désir de comprendre ce qui se passe dans la tête des enfants confrontés à des expériences de violence, au traumatisme de la guerre. Le chapitre suivant de l’histoire voit la création d’un club de lecture. Le club devait aider les enfants à lire, à écrire et à dessiner. L’initiative du club de lecture s’est transformée au fil du temps en une bibliothèque communautaire et en un groupe de microfinance pour adultes qui enseigne la budgétisation et la gestion financière aux membres de la communauté. Il existe en outre un programme d’alphabétisation des adultes, un projet de serviettes réutilisables et un programme de football pour le changement social destiné aux enfants souffrant de traumatismes liés à la guerre.

Lorsque Lutino Adunu a collaboré avec VOICE pendant deux ans dans le cadre du projet intitulé « Transformer la vie des femmes rurales dans le district de Nwoya », l’objectif était d’améliorer les connaissances financières et les revenus des ménages en renforçant la base économique des femmes dans les sous-comtés d’Alero et de Koch Goma dans le district de Nwoya. La transformation devait être réalisée en renforçant les capacités de gestion de l’épargne financière et l’autonomisation économique de 20 groupes de femmes à travers les associations villageoises d’épargne et de crédit (VSLA). Et cela en aidant les groupes de femmes à acquérir des compétences commerciales et des capitaux pour stimuler leurs activités, en renforçant les capacités des groupes de femmes à participer efficacement à la prise de décision au niveau des ménages et de la communauté. Le résultat escompté était d’améliorer la prise de décision au niveau des ménages sur les questions financières.

En conséquence, 20 groupes de femmes ont été identifiés et formés à l’alphabétisation financière et au VSLA. Les 20 groupes ont été reliés à la Post Bank et ont pu acquérir des connaissances financières supplémentaires et des conseils sur la manière d’utiliser les services bancaires. Ils ont également reçu une formation sur les compétences de vie et la sélection d’AGR et ont été soutenus pour sélectionner des AGR viables. Ces objectifs ont été atteints grâce à des réunions, des supports de communication et des visites de suivi. Des initiatives de démarrage en termes d’élevage, notamment de chèvres et de porcs, ont également été proposées aux 20 groupes.

En créant de meilleures conditions pour les femmes vulnérables du district de Nwoya, le projet a contribué à l’unité et à la paix entre les membres du groupe au sein de la communauté. Il a aussi permis la promotion d’une culture de l’épargne au sein des groupes de femmes et l’accès au financement pour les membres du groupe, ainsi que l’estime de soi, comme le prouve le tableau ci-dessous.

 Adong Rose est membre du groupe de femmes Yub Pa Lacwech dans le district de Koch Goma Nwoya, situé dans l’une des régions les plus pauvres de l’Ouganda. Les conséquences de la guerre civile sanglante menée par l’Armée de résistance du Seigneur ont laissé la partie nord de l’Ouganda plus pauvre et plus fragile que le reste du pays. Les femmes, les enfants et les personnes en situation de handicap, qui sont le plus souvent les moins puissants et les moins informés de la communauté, sont confrontés à de multiples défis comme les conflits fonciers, la pauvreté, la mauvaise santé et les faibles opportunités d’emploi, l’afflux de réfugiés. Toutes choses qui ont négativement affectée ces personnes. Leur situation a été encore aggravée par l’effondrement des systèmes culturels qui protégeaient les personnes vulnérables et garantissaient leur accès aux droits fonciers. En outre, la lutte des femmes pour l’accès à la terre à des fins de production leur a souvent attiré la violence de leurs conjoints, de leurs belle-familles et d’autres membres de la communauté.

Adong Rose faisant une présentation pendant la réunion VSLA.

Rose témoigne que la formation sur l’éducation financière et le concept de VSLA l’aide à prendre des décisions et à résoudre le problème de la violence domestique dans sa famille, tout en améliorant ses revenus.

“Les connaissances et les compétences que j’ai acquises grâce au soutien de Lutino Adunu m’aident à dialoguer davantage avec ma famille et à lutter contre la violence domestique. Les membres de ma famille m’écoutent et me respectent”, raconte Rose !

Fervent défenseur de la parole des femmes sur les questions affectant leurs vies aux niveaux familial et communautaire, elle ambitionne de briguer le poste de chef local lors des prochaines élections. Ce changement se reflète parmi les 20 autres groupes de femmes ciblés où plusieurs témoignages ont été documentés.

“Le VSLA a réduit la violence domestique dans ma famille. Mon mari ne se dispute pas et ne se bat pas comme il le faisait auparavant. C’est parce qu’il y a toujours de la nourriture à la maison et notre entreprise nous permet de gagner un peu d’argent pour subvenir aux besoins de la famille. Il me soutient également avec de l’argent qu’il gagne en travaillant ailleurs, affirme une participante, Concy du groupe Yub Pa Lacwech

“Nous élevons des porcs en tant que IGA et l’un des porcs a produit sept porcelets. Ces porcelets seront élevés et distribués aux membres du groupe. Chaque porcelet coûte 50 000 shillings ougandais. Nous avons décidé de ne pas les vendre mais plutôt de les distribuer aux membres”, affirme une autre participante du groupe de femmes Yub pa Lacwech

Les femmes ont déclaré avoir gagné en estime de soi et être en mesure d’élever la voix à propos des questions qui les concernent au niveau des ménages et de la communauté. Elles ont le sentiment que leur voix est désormais respectée par les hommes de la communauté et du foyer. Le fait que les hommes autorisent leurs femmes à aller participer à l’activité VSLA est un signe de liberté accordée à ces dernières par les hommes. Les groupes VSLA et leurs membres sont reconnus par les dirigeants du district, notamment par le Département des services communautaires du district, le département de la jeunesse et de la probation, le bureau du chef de l’administration et les dirigeants des conseils locaux et de district. Cela devrait augmenter leurs chances d’être pris en compte dans d’autres initiatives d’autonomisation menées par le gouvernement, telles que le programme d’autonomisation des femmes ougandaises (UWEP) et l’opération de création de richesses (OWC).

Les membres de la VSLA lors d’une discussion sur l’épargne de groupe.