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L’histoire de Chichang

HISTOIRE DE CHICHANG – Proud to be Us  Laos – un co-partenaire de MCNV – Laos  

Salut à tous! Je m’appelle Chichang, j’ai 20 ans et j’habite au Laos.  Je suis une fille qui ressent une attirance sexuelle pour d´autres filles. J’ai participé en tant qu’actrice principale dans la pièce de théâtre d’ombres «Forbidden Love- L’amour interdit», qui a été présentée dans le cadre du projet financé par Voice Innovative Communication Methods : son utilisation et son apprentissage dirigé par MCNV dans lequel «Fier d’être nous Laos» était partenaire.  Ci-dessous vous pouvez lire une interview avec moi sur mon expérience pendant et après le projet! Profitez-en….. 

Q: Que pouvez-vous nous dire sur votre vie avant de participer au théâtre d’ombres «Forbidden Love»?

R: Avant de prendre part à «Forbidden Love», j’étais introvertie et timide, manquant de confiance en moi. Je n’avais pas assez de courage pour chercher une petite amie. Je pensais que la société n’accepterait pas si je sortais avec une autre ou si j’avais une relation amoureuse avec la fille de quelqu’un d´autre. J’avais peur que cela pouvait conduire à des problèmes dans la famille et que mon amante serait obligée de faire un choix entre moi et sa famille biologique. Pour cette raison, j’ai pensé qu’il valait mieux rester seule pour le reste de ma vie. Je n’osais pas m´aventurer dans l’amour. Vivre seule ne me rendait pas heureuse, mais je pensais que c´était la seule solution pour éviter les problèmes familiaux. Voulez-vous savoir ce qu´on ressent? Vivre sans amour, c’est comme si l´on attendait la mort. 

Q: Comment la participation au théâtre d’ombres a-t-elle changé votre vie? 

R: Même si c’était une courte pièce de théâtre, elle était très significative.  J’étais le personnage qui a pris des pilules pour se suicider à cause d’un amour impossible. La pièce de théâtre m´a immédiatement donné du courage.  C’est une histoire triste et j’ai réalisé que je ne voulais pas que la vraie vie des minorités sexuelles soit comme cela. Je voulais me battre et montrer à la société que les minorités sexuelles ont aussi un cœur aimant.  Elles peuvent avoir des relations avec leurs proches sans considérer leur orientation sexuelle comme un obstacle. J’ai eu confiance en moi et j’ai senti la liberté de m’exprimer.  Le théâtre d’ombres a changé ma vision par rapport à ma position dans la société et m’a apprise à continuer à me battre. Je devais être forte! 

Q: Vous avez participé à un voyage d’échange au Cambodge avec la Lao Disabled People´Association. Comment cela a-t-il influencé votre vie? 

R: J’ai en effet eu l’occasion de rencontrer des personnes en situation de handicap. Elles avaient des handicaps différents et vivaient leur vie de diverses manières. J’avais beaucoup de pitié pour elles, mais j’étais aussi fière de les voir sourire joyeusement. Malgré leurs handicaps, elles ont un cœur fort. Elles essayaient de faire des choses qu’elles pouvaient faire. Les choses que j’ai apprises d’elles sont le courage et la concentration. Après la visite, j’ai changé certaines de mes mauvaises habitudes de vie. Je conduis maintenant plus lentement, je mange beaucoup plus de légumes, je prends soin de ma santé et je rappelle aux autres de prendre soin d’eux-mêmes

Q: Vous avez également assisté à la conférence asiatique de l’Association internationale des lesbiennes et des gays en décembre dernier à Phnom Penh. Comment avez-vous vécu cela? 

R: Après avoir assisté à la conférence ILGA Asia à Phnom Penh, ma vie a beaucoup changé. J’ai appris beaucoup de choses des minorités sexuelles lorsque les gens ont partagé leurs propres expériences de vie. Ils ont raconté comment ils font pour que la société et leurs familles les acceptent.  Ils étaient intelligents et j’admirais beaucoup leurs capacités.  Il y a beaucoup de pays qui autorisent légalement le mariage homosexuel. J’espère qu’un jour je pourrais aussi épouser légalement ma partenaire. Au moins, je suis maintenant déjà assez courageuse pour avoir une petite amie. J’ai changé d´idée par rapport à ma vie. Au lieu de : «je vais vivre seule pour le reste de ma vie», c´est plutôt : «il me faut trouver quelqu’une pour être ma petite amie». 

Q: Comment gérez-vous les interrogations de vos proches ?  

R: Avant d’assister à la conférence ILGA, quand les gens me demandaient si j’étais «une fille ou un garçon?», j’étais timide et répondais que j’étais une fille. Après avoir assisté à la conférence, je souris aux «personnes qui posent la question» et leur dis que je suis un garçon manqué. Je suis biologiquement une femme, mais j’ai les cheveux courts, je m’habille comme un garçon et j’aime les autres filles.  

Certains d’entre eux comprennent, mais d’autres me demandent encore des choses comme : «Comment pouvez-vous avoir des enfants?». Je souris maintenant et réponds: «Je ne peux pas produire d’enfants, mais ma partenaire et moi pouvons toujours nous aimer et vivre ensemble dans le respect. Il existe également des couples mariés hétérosexuels qui sont heureux, mais sans enfant ». 

De nos jours, mon entourage me pose encore beaucoup de questions, mais je n’ai pas peur d’y répondre. En fait, je suis heureuse qu’on me pose des questions; cela signifie que les gens sont intéressés à apprendre. Lorsqu’ils en sauront davantage sur cette question et comprendront, ils commenceront à être à l’aise avec la communauté des minorités sexuelles. J’espère vivre en paix sans problèmes avec les autres. Être une bonne citoyenne mènera finalement à l’acceptation sociale. 

Q: Avez-vous maintenant des opportunités de travail supplémentaire en raison du projet MCNV? 

R: Après ma participation au projet «Fier d’être nous», j’ai eu l’occasion d’assister à des réunions et des conférences.  Cela m’a permis d’en apprendre davantage sur le travail et les opérations de diverses organisations. J’ai également eu l’opportunité de rejoindre un projet de politique pour la jeunesse, géré par l’UNESCO en Thaïlande en collaboration avec l’Union de la jeunesse lao. Ce projet est actuellement en cours d´élaboration et ma principale responsabilité est d’être l’une des responsables de l’enquête sur la jeunesse des minorités sexuelles au Laos. Le projet est actuellement en cours de planification. 


Remarque : cet entretien avec Chichang a été réalisé par un membre de Proud To Be Us et rédigé par Akke Schuurmans, ancienne employée de MCNV et responsable du projet Innovative Communication Methods financé par Voice. Si cette histoire vous a donné envie de voir le théâtre d’ombres, vous pouvez la regarder en cliquant sur la vidéo ci-dessous. 

Malheureusement, Chichang s’est suicidée en juillet 2018, un grand risque que courent généralement les jeunes des minorités sexuelles. Nous nous souvenons de Chichang avec beaucoup d´affection et de respect. 

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