Par Edith Nantongo, facilitatrice de mise en relation et d´apprentissage, Strategic Links, Ouganda

L’épidémie du nouveau coronavirus en Ouganda fin mars 2020 a conduit le gouvernement ougandais à prendre plusieurs mesures visant à stopper la propagation du virus. Des mesures de distanciation sociale ont été instituées dans tout le pays et ont vu la suspension de toutes les formes de rassemblements publics à caractère politique, social et religieux, la fermeture des écoles, la restriction des circulations transfrontalières des non-résidents pendant 51 jours, la limitation des transports publics et la vente d’articles non alimentaires sur les marchés. Tout le monde a été invité à rester à la maison et à ne pas recevoir de visiteurs.

Ces mesures ont affecté le secteur du travail en Ouganda car de nombreux employés ont depuis perdu leur emploi. Les économistes ougandais ont prédit la perte de 2 millions d’emplois à la suite de cette pandémie. Les employées de maison, dont le rôle est de s’occuper des tâches domestiques des femmes dans les emplois informels et formels, n’ont pas été épargnées. La suspension des transports publics et privés a affecté le déplacement des domestiques, les empêchant de se rendre à leurs postes de travail. Certains employeurs, en particulier ceux qui travaillent dans le secteur informel, ont perdu leurs revenus et ne sont par conséquent pas en mesure de maintenir l’emploi des domestiques. Certaines employées de maison licenciées au cours de cette période ont été bloquées étant donné que les moyens de transports en commun ont été suspendus, et elles ne pouvaient pas retourner à leurs zones d’origine. Ces situations ont exacerbé les abus et les violations des droits des domestiques, dont la plupart sont des mères célibataires.

Platform for Labour Action (PLA), une bénéficiaire de subvention d´influence  s’efforce de promouvoir un travail décent pour les domestiques en Ouganda à travers le renforcement des réseaux de ces employées de maison. Le Domestic Workers Association (DOWA), Association des domestiques, a été fondée en février 2019 avec l’aide de la PLA pour mobiliser les employées de maison à parler d´une seule voix dans la recherche de conditions de travail équitables. La PLA a continué à travailler à travers le réseau communautaire Dowa pour recevoir et fournir des services d’aide juridique sur place à l’aide de lignes téléphoniques mobiles gratuites.  

« Depuis le début de l´épidémie de Covid-19, un total de 22 cas de travailleuses domestiques ont été signalés avec des revendications de résiliation injuste de contrats sans avis légal requis, le non-paiement des salaires et le non-paiement des frais de rapatriement pour ceux recrutés dans des zones distantes de 100 kilomètres et plus»

Lydia Bwite, responsable de programme chez Platform for Labour Action

La PLA a été en mesure de collaborer avec les employeurs au sujet des décisions illégales prises contre les travailleuses domestiques et a réussi à convaincre au moins 7 employeurs à retenir les employées qu´ils avaient licenciées. Un abri temporaire a également été fourni aux travailleuses bloquées dans le refuge de la PLA à Kampala. De plus, des secrétaires formées aux affaires féminines et des leaders des conseils locaux ont également été engagés à fournir temporairement un abri pour les travailleuses domestiques qui étaient très loin de l´abri de la PLA.

« Nous soutenons également les leaders des groupes de soutien mutuel des travailleuses domestiques avec des crédits et forfaits Internet pour leur permettre de continuer à contacter d’ autres membres des groupes afin de partager des informations sur le Covid-19, fournir un soutien et encourager pendant cette période de confinement»

a observé Lydia.

La plate-forme d’action syndicale reconnaît la nécessité d’une programmation créative comprenant l’adoption de technologies de l’information dans la prestation de services aux domestiques pendant et après des bouleversements tels que des pandémies, des troubles civils pendant lesquels les contacts physiques sont limités. A ne pas oublier non plus le besoin de continuer le renforcement de capacité des réseaux communautaires tels que DOWA pour pouvoir véritablement soutenir d’autres employées de maison pendant de telles situations.