‘Seul le travail libère!’
Selon Rachida, l’étudiante qui exploite une ferme.
Recueilli par Rahamatou Diarra, Cheffe de projet, la Voix des communautés à travers une emission, FUGPN-Mooriben Niger
Le projet la Voix des communautés à travers une emission est une idée innovative du mouvement paysan intitulé FUGPN-Mooriben au Niger. Ils ont mis en place un radio communautaire MADALLAH à l’image du jeu français « Questions pour un champion ». La phase pilote de ce jeu met en compétition les acteurs du monde rural de 50 communes. Une de ses participants est l’étudiante et paysanne Rachida Hamadou. Cette championne raconte son histoire…..
Je m’appelle Rachida Hamadou. J’ai 23 ans et je suis au lycée en classe terminale. Parallèlement, je suis productrice agricole, dans la commune de Kokorou (région de Tillabéri). Je suis membre d’un groupement de femmes, Alkawali, qui fait partie du réseau des unions et groupements que constitue la FUGPN-Mooriben, un partenaire d’Innovation et Apprentissage.
J’aime beaucoup la pratique des cultures pluviales car elles coïncident avec la période des vacances scolaires. J’ai donc le temps de m’y consacrer pleinement et d’en tirer profit.
Je produis de l’arachide, du niébé, du sorgho et du sésame. Je récolte en moyenne 18 grands sacs de 100kg d’arachide par campagne agricole. Mon groupement possède du matériel de transformation de l’arachide et les membres m’appuient en transformant gratuitement mes arachides en huile et pâte d’arachide. Quant à moi, je verse régulièrement mes cotisations qui sont de 5.500 FCFA par an (environ 8 euros).
La plupart des femmes du groupement étant analphabètes, je les assiste dans la rédaction de documents tels que les Procès-Verbales de réunion et les rapports de fin d’année. A l’aide de ma production agricole, j’arrive à soutenir ma mère dans les charges liées à ma scolarisation : en attendant de me présenter comme candidate libre au bac, je suis présentement inscrite à l’Institut Africain de Technologie (IAT) de Niamey en première année de la filière transport logistique et j’ai contribué à payer plus de la moitié des frais pour ma scolarité qui s’élèvent à 300.000 FCFA (environ 460 euros). J’arrive également à contribuer aux frais de subsistance familiale et à générer assez de ressources pour l’achat et l’élevage de petits ruminants et pour l’achat de semences améliorées pour la prochaine campagne agricole.
J’ai représenté ma commune au grand jeu Madallah, plateforme de confrontation des compétences des paysans et ma devise est ‘Bon douri kala goy’ , qui signifie ‘seul le travail libère‘ dans le djerma.
Je pense que nous sommes très chanceux car la pandémie du Covid-19 n’a pas eu d’impact négatif sur nos activités. La période du confinement a coïncidé avec une période d’inactivité agricole. J’espère cependant que les autorités sanitaires arriverons très vite à la maîtrise car cela nous affecte tous un peu moralement de voir nos semblables touchés par ce mal.