L’innovation numérique doit être accessible à tous
Par: Wendy Otieno, Chargée du Lien, Apprentissage et Amplification, Voice au Kenya
Le monde ne cesse de se développer comme village global, et plus de la moitié de la population a accès à l’internet, ce qui affecte la plupart des domaines de notre vie. Le fait de disposer de compétences appropriées et d’un accès aux outils permettra de créer des moyens durables qui garantissent la création de valeurs positives. Ce faisant, nous créerons des solutions progressives dans le but d’atteindre l’objectif de développement durable (ODD) 11 ainsi que la création de villes et des communautés durables.
Alors que le monde focalise son attention sur un appel à la justice sociale dans l’économie numérique, il est nécessaire de s’assurer que l’espace numérique offre un terrain de jeu égal pour tous. Il est important de souligner qu’il existe différentes régions du monde qui ne bénéficient pas des mêmes avantages. La pandémie de COVID-19 a attiré l’attention sur cette fracture.
Au Kenya, et dans le monde entier, s’attaquer à ces inégalités, pendant et, surtout, après le virus, est une démarche opportune de la part des gouvernements pour défendre les droits de leurs citoyens. Les mesures de confinement prises pendant la pandémie de COVID-19 ont mis en évidence l’interconnexion de toutes les formes de travail et la nécessité de veiller à ce que les outils numériques soient accessibles, ce qui stimule l’économie numérique du pays.
L’état de l’économie de la nation sert de guide pour les politiques devant être adoptées et qui conduiraient à une transformation de la société et de l’économie. Selon le rapport 2021 sur l’économie numérique de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), 155 verrouillages d’Internet ont été recensés. Dans un pays comme le Kenya, qui compte environ 54 millions d’habitants, la pénétration de l’internet n’était que de 40 % en janvier 2021, les zones urbaines ayant plus accès aux services numériques que les zones rurales. Des mesures simples, telles que la mise en place de différents forfaits de connectivité à large bande abordables et de haute qualité, accessibles à tous, constituent une étape dans la réalisation de cette croissance.
Cette mise en évidence de l’inégalité numérique anticipe une conversation importante : alors que l’utilisation des plateformes numériques augmente, il n’existe toujours pas de données précises montrant comment les communautés les plus défavorisées ou marginalisées sur le plan social utilisent effectivement ces outils à leur avantage et à leur autonomisation. La majorité des rapports sur les TIC se focalisent sur l’âge, le sexe, le pays et le niveau d’éducation, ce qui ne tient pas compte de facteurs tels que l’identification de l’origine ethnique et l’apatridie des personnes qui, sans documents d’identité, n’ont pas accès aux outils numériques, sans parler de leur participation à l’économie numérique.
L’étude Dalberg de 2021, Kenyans digital Economy, recommande que des solutions adaptées aux besoins des citoyens soient la première étape pour s’assurer que les groupes exclus soient capables d’utiliser les services numériques au-delà des services de base d’argent mobile.
En tant que société civile, il y a un besoin inné de s’assurer que les détenteurs de droits aient un siège à la table de l’innovation numérique où la diversité des opinions et des expériences est partagée en appliquant une lentille intersectionnelle à certaines des réalités. Cela permettra certainement de s’assurer que les voix sous-représentées soient incluses de manière significative dans la facilitation de la diversité et de l’inclusion dans l’innovation numérique, essentielle dans les démocraties durables.
Il est nécessaire de créer des opportunités reposant sur des bases numériques solides afin de développer les compétences en matière de culture numérique au Kenya. Si elle est introduite dès l’école primaire et si l’on exploite les possibilités offertes par le nouveau système d’éducation basé sur les compétences, nous ferons un pas de plus vers la réalisation de l’objectif de développement durable n° 1, à savoir l’élimination de la pauvreté.
Bien que l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) et des innovations en blockchain ait été de plus en plus critiquée pour avoir violé le droit à la confidentialité des données, elles peuvent être utilisées de manière responsable pour alimenter un changement systémique au niveau local, en particulier pour autonomiser les groupes vulnérables et réduire la fracture numérique.
Voice défend l’IA axée sur les communautés afin de donner à celles-ci les moyens d’agir pour créer des démocraties dynamiques. Un exemple est le Chepkitale Indigenous People Development Project (CIPDP) (financé par la subvention « d’Innovation et Apprentissage »), qui utilise la cartographie du système d’information géographique (SIG) pour permettre à la communauté autochtone Ogiek de surmonter les problèmes de droits fonciers. Les enseignements tirés de ce projet peuvent en outre être utilisés pour enrichir le débat sur le changement climatique en incluant les voix des détenteurs de droits.
Alors que nous nous focalisons sur la justice sociale dans l’économie numérique, nous devons veiller à ce que le maximum de gens, sinon tout le monde, ait un accès égal et des compétences égales dans l’utilisation des outils numériques. Cela permettra de faire progresser l’économie numérique et, par conséquent, de réduire la pauvreté.