Le cinéma mobile pour mobiliser sur la scolarisation!
Les jeunes filles à l’école au Niger
Par: Mariama Mamoudou Djibo, cheffe de projet, Femmes Action et Developpement au Niger
Suite à la production de son film documentaire sur le maintien de la jeune fille à l’école, l’ONG FAD ,un partenaire d’Influencing au Niger, s’est donnée pour mission de le faire découvrir aux populations de cinq quartiers périphériques de Niamey et de dix villages de Maradi, à travers des séances de projection.
Il faut savoir que le cinéma peut contribuer à être un ciment social car il permet de s’ouvrir vers l’extérieur et d’instaurer le dialogue entre les générations et entre les communautés.
Ces projections avaient pour objectif de sensibiliser les populations, puis recueillir leurs avis sur la situation de l’éducation des filles dans leurs localités et environnement, à travers des débats après les projections qui se sont déroulées en plein air, en présence de centaines de personnes sur chaque site dont des femmes, des hommes, des jeunes filles et garçons, des leaders coutumiers et religieux.
La question centrale était : « Quelle est la situation de l’éducation des filles dans votre localité/environnement ?». La majorité des habitants ayant pris la parole ont eu le même type de réponse : «Nos filles sont parfois inscrites en grand nombre à l’école mais nous nous retrouvons très souvent dans des situations qui nous obligent à les en retirer un peu plus tard». Comme motif à ce désistement il y a le redoublement de classe (après deux échecs scolaires l’élève est renvoyé), or ces parents n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour les inscrire dans des écoles privées, les autres frais afférents (uniformes, cotisations de Comité de Gestion d’Ecole), le manque de latrines qui oblige les filles à se retirer en brousse pour leurs besoins, sont autant de raisons pour lesquelles les parents préfèrent que leurs filles s’investissent dans des activités lucratives comme la vente ambulante plutôt que d’aller à l’école dont les débouchés ne sont pas certains de leur point de vue.
Dans le village de Atchi da kofoto, des parents ont confiés qu’ils n’inscrivaient pas leurs filles à l’école car aucune d’entre elle n’a jamais réussi à sortir avec un diplôme de cette école créée il y a 58 ans… Dans le village de Bamo, la toute première promotion de filles ayant eu le brevet de fin d’études date de… cette année 2019 ! Et cela bien que l’école ait de nombreuses années d’existence.
Après ces témoignages, les animateurs ont expliqué aux parents qu’ils doivent encourager leurs enfants à persévérer dans leurs études, également que l’école est plus sécurisée que le commerce ambulant bien que ses retombées soient plus lentes mais plus pérennes. Ils ont fini par la présentation du décret N° 935-2017 et de son arrêté d’application, rendant obligatoire le maintien à école de la fille jusqu’à l’âge de 16 ans et autorisant la fille à continuer l’école publique après un mariage ou une grossesse, ce qui n’était pas permis autrefois.
Ces séances ont été très appréciées et ont conduit à l’engagement de beaucoup de parents à inscrire leurs filles à l’école et à veiller à leur éducation. Donc mobilisons la scolarisation par le cinéma mobile!