Comment la technologie peut contribuer à améliorer l’accès des Maasai à la terre

Par : Marion Sumari-de Boer, Kilimanjaro Clinical Research Institute, partenaire de subvention d’Innovation et Apprentissage, Tanzanie.

Poussière, chaleur, vent….

Ici et là, on peut apercevoir le shuka (tissu) rouge d’un Masaï se glisser entre les buissons épineux secs. À 50 mètres de là, sous un arbre, nos collègues donnent une formation aux femmes masaïs sur les infections sexuellement transmissibles au camp de tentes Isoitok à Manyara. Alors que j’attends, M. Kipamba, l’un des anciens Maasai, se précipite vers moi pour me dire « Bonjour ». Je lui dis qu’il m’a manqué à la formation de la veille et lui demande s’il sera présent aujourd’hui. Il me répond qu’il est trop occupé avec le bétail. Je lui dis que notre système m-health est prêt et lui donne le numéro de téléphone gratuit qu’il peut appeler. Il appelle immédiatement le numéro et crie :  » Eeh… elle parle Kimaasai.  » (c’est-à-dire la langue Maasai). Nous nous serrons la main et il s’en va dans les buissons tout en continuant à écouter son téléphone.

Le chemin vers la sensibilisation à la santé et aux droits sexuels et reproductifs.

Il y a trois ans, j’ai eu une conversation avec un jeune Masaï employé au camp Isoitok, à Mbayani, qui s’est marié et a eu un enfant. Il me dit qu’il ne veut pas avoir plus de deux enfants et me demande comment éviter d’en avoir plus. En tant que scientifique de la santé, je pourrais au moins lui donner les informations minimales que je connais sur le cycle de fertilité et sur les contraceptifs. Il me dit que les Maasai de sa région ne sont pas au courant et me demande si nous pouvons les aider, et c’est ainsi que l’ONDOILO (voix en kimaasai) est né. Nous avons réussi à obtenir une subvention « Innover et apprendre » de Voice in Tanzania pour nous aider à passer de la théorie à la pratique.

Accès aux informations sur la santé

Depuis lors, nous avons eu des discussions informelles avec des Maasai et avons ensuite recueilli des données structurées sur la connaissance et l’utilisation des contraceptifs chez les Maasai. Cela a renforcé la déclaration anecdotique de Mbayani. Les Maasai d’Esilalei ont un accès limité aux informations sur la santé en raison de leur analphabétisme, de leur compréhension limitée du kiswahili (la langue nationale de la Tanzanie) et du fait que les soins de santé sont souvent éloignés.

Sur la base de ces données et des directives tanzaniennes en matière de planification familiale et de disponibilité des contraceptifs, nous avons conçu un système d’appel interactif à réponse vocale (IVRC) afin d’améliorer l’accès aux informations sur la santé sexuelle et les facteurs connexes. Le système s’appelle « Embiotishu », ce qui signifie « santé » en kimaasai, et est disponible gratuitement à partir d’un numéro de téléphone donné. Il suffit d’appeler ce numéro pour entendre une dame sympathique parler du programme en kimaasai et demander à l’appelant de se sentir libre de demander les informations qu’il souhaite obtenir. Elle dit par exemple : « Si vous voulez en savoir plus sur le cycle de fertilité, veuillez appuyer sur le 3 ». L’appelant peut ensuite appuyer sur l’un des numéros indiqués selon les instructions données.

Créer une culture numérique

Juste avant ma conversation avec M. Kipamba, nous avions présenté le système m-health aux couples Maasai en leur montrant le numéro de téléphone. De plus, comme certains d’entre eux ne savent pas lire, nous leur avons expliqué quel bouton correspondait à nabo (1), are (2), uni (3), etc. Beaucoup ont commencé à appeler le numéro de téléphone immédiatement et semblaient écouter avec intérêt. Notre projet est une approche dite de recherche-action participative, ce qui signifie que l’intervention sera développée avec les groupes. Le système est dynamique et devra encore être modifié au fur et à mesure que nous apprenons. Toutefois, la graine a été plantée pour améliorer l’accès des Masaïs aux informations sur la santé !

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