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16 jours d’activism au Niger: la lutte contre de Wahaya ou cinquième épouse!

Ecrit par Aïda Toye, Assistant Lien et Apprentissage Voice, Oxfam au Niger et Fatiman Alher, responsable Suivi et Evaluation, Timidria

Lundi 10 décembre 2018, qui coïncide avec la journée internationale des droits de l’homme, Oxfam au Niger, à travers son partenaire d’Influence de Voice, Timidria, et ses partenaires défenseurs-ses de droits  humains et des femmes en particulier, ont organisé la journée d’activisme au niveau du village de Zanguon Abillo. En effet, le choix de ce village n’est pas fortuit, car c’est un endroit situé en plein centre de l’immense territoire nigérien qui témoigne de la violence par excellence à l’égard des femmes et des  filles. Cependant cet endroit a servi, il y a de cela quelques années, de lieu de refuge à des femmes qui ont vécu le plus grand calvaire de leur vie, pour ne pas dire la négation de leur vie sous prétexte de l’application d’une pratique prétendument empruntée à l’Islam appelée wahaya ou 5èmeépouse.

Les femmes qui ont réussi à se soustraire à cette situation, se sont retrouvées au niveau de ce village où elles vivent désormais libres et tentent tant bien que mal de jouir de leurs droits de femmes nigériennes comme les autres, mais surtout de se construire de nouvelles vies. C’est du reste pour cette raison que Timidria intervient dans ce village dans le cadre de son projet financé par Voice.

Cette journée a été une occasion pour Timidria et Oxfam au Niger de commémorer les 16 jours d’activisme en faveur des femmes et filles de ce village afin de créer des cadres de dialogue entre les activistes, les décideurs et le grand public. Comme pour les années précédentes, la couleur orange a été un élément clé pour l’unification de toutes les activités qui ont été instituées depuis 1991 dans le cadre de la campagne mondiale contre les Violences Faites aux Femmes. Le thème retenu cette année est « Orangez le monde : Écoutez-moi Aussi ».

En effet, malgré les conventions internationales, les lois nationales et d’autres instruments politiques en termes de promotion du genre et un Niger dépourvu de toute discrimination envers les femmes, force est de constater qu’il reste du chemin à faire. Les femmes nigériennes, surtout celles du monde rural, restent encore soumises à des pratiques violentes et inhumaines sous toutes leurs formes dans certaines zones, notamment les violences physiques, psychologiques, sexuelles et tant d’autres.

C’est au vu de tout ce qui précède que nous avons fait le déplacement dans ce village pour marquer notre engagement contre les violences faites aux femmes et aux filles. Ce village qui a une histoire particulière pour Timidria est actuellement en majorité habité par des femmes anciennement  « wahayou ». Ces femmes sont un merveilleux exemple d’émancipation. Leur vécu mérite d’être partagé pour que d’autres femmes qui sont dans une situation semblable s’émancipent à leur tour et se libèrent du joug de l’esclavage qui est une forme sournoise de violence faite aux femmes et aux filles.

Cette journée nous a permis d’écouter plusieurs témoignages de la part des survivants de cette pratique dont celui de Kadijatou Mani Koraou. En 2008, grâce à sa détermination et avec le soutien de Timidria et de plusieurs bonnes volontés, elle a gagné son procès contre l’Etat du Niger. Elle s’est libérée des chaînes de l’esclavage. « Dès que Timidria a apporté chez nous la nouvelle de l’abolition des pratiques esclavagistes dans notre pays, je n’ai plus fermé l’œil et avec l’aide de cette association et de Almou Wandara, je me suis engagée dans la bataille. Aujourd’hui, le résultat est là. Je suis libre. Je vis ma vie comme bon me semble ». Pourtant, elle n’a pas oublié l’enfer de sa vente « Cette époque est certes révolue, mais je ne peux jamais l’oublier ». Ci-dessous, vous pouvez voir Kadijatou Mani Koraou au milieu avec son representant a gauche et le responsable de Voice au Niger a droit.

En plus, le témoignage de Tannou nous rapporte ceci : « j’ai été vendue à l’âge de 7 ans. Un bon matin, j’ai pu m’échapper grâce à l’appui d’un touareg qui est venu abreuver ses animaux au niveau d’un puits que mon maitre m’envoie chaque jour pour faire la corvée d’eau. Ce touareg m’a acheminée au village de Zangon Abillo pour m’y installer. Dans ce village, je me suis mariée et actuellement mère de deux enfants. Pour ma part, cette pratique reste inoubliable car maintenant je ne connais ni mon village ni mon ascendance. De plus je ne sais même pas si mes parents sont en vie ou pas. »

En définitive,  il faut noter qu’il existe déjà une brochure retraçant la vie de la femme wahaya que Timidria a produit avec son partenaire Antislavery International. La volonté politique du Président de la République dans ce domaine s’est soldée par des mesures fortes et nous remercions l’engagement et la ferme détermination du gouvernement à continuer sans relâche sa lutte contre  ce phénomène bien que jusqu’à présent la stigmatisation demeure dans l’esprit de ces femmes qui en sont victimes.

C’est le lieu de rendre un vibrant hommage aux femmes qui peuvent faire entendre leurs voix à travers la transmission d’un cahier de doléances aux autorités administratives et locales présentes lors de cet évènement (l’image ci-dessous).

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