Le projet « Avec nos mains, faisons-nous entendre » vise à promouvoir le droit d’accès aux services sociaux de base pour les personnes vivantes avec une déficience auditive en réduisant les obstacles de communication et en renforçant les capacités des personnes sourdes par la formation en langue des signes de leurs éducateurs. Le projet s’efforce à réduire les barrières de communication entre enseignants et élèves par la formation en langue des signes des communicateurs à savoir 11 professeurs du collège inclusifs et 13 enseignants de l’école pour sourds à Niamey et 10 enseignants du primaire de l’école pour sourds à Maradi. Le projet concerne également le plaidoyer au niveau local avec les autorités locales dans les régions de Maradi et Niamey où nous avons déjà travaillé avec le projet » Parlons avec nos mains » Ce projet sera mis en œuvre pour permettre aux personnes sourdes d’acquérir des pièces d’état civil afin de faire valoir leurs droits de citoyens par des actions pacifiques au niveau des communes. Il y’aura des activités de vulgarisation des droits à travers les médias, débats télévisés et radiophoniques, la. Modélisation des rôles seront des approches et des outils que le projet développera pour une meilleure inclusion des personnes atteintes de surdités. Des activités de renforcement des capacités et d’échanges seront mis en œuvre pour renforcer le leadership des jeunes au sein de notre association afin qu’ils puissent être à l’avant-garde notamment, les jeunes filles.

Introduction 

L’Association des sourds du Niger (ASN) a bénéficiée de la subvention d’autonomisation pour programme VOICE pour mettre en œuvre la deuxième phase du projet « Avec nos mains, faisons nous entendre ». Cette initiative ambitieuse visait à améliorer l’inclusion sociale et les droits des personnes sourdes et malentendantes au Niger à travers diverses activités. Quand on sait les PSM font faces des difficultés dans leurs vies au quotidienne en raison de leurs marginalisations sociale et l’inaccessibilité à la langue des signes objet de référence du projet tout en soulignant le désir de la communauté sourde de faire entendre sa voix à  travers des actions concrètes afin créer un changement durable dans la perception et le traitement des personnes sourdes dans la société nigérienne. 

Mise en œuvre du projet 

Le projet « Avec nos mains faisons nous entendre » a été mis en œuvre du 1er décembre 2022 au 30 novembre 2023, avec une série d’activités diversifiées. Le projet a débuté par des sessions de formation des encadreurs pédagogiques en charge de l’éducation des enfants sourds en langue des signes organisées à Niamey et Maradi, touchant une trentaine enseignants et professeurs. L’objectif était d’améliorer la qualité de l’enseignement en langue des signes pour les élèves sourds. 

Une rencontre d’échange avec les détenteurs de droits à lieu à Maradi, mobilisant ainsi 90 personnes sourdes. Cette rencontre visait à informer et sensibiliser sur le programme Voice et son impact. Un débat radiophonique sur la promotion de la langue des signes au Niger a été organisé à Niamey, réunissant des intervenants clés pour discuter des enjeux et des mesures nécessaires à l’inclusion des personnes sourdes. 

Une initiative importante a été l’organisation d’audiences foraines1 ayant permis l’établissement et la délivrance des 270 actes de naissance aux détenteurs de droit à Maradi et Niamey. Le projet a également formé 20 agents de la police routière et 30 agents municipaux en langue des signes afin d’améliorer l’accessibilité et la communication avec les personnes sourdes2. Enfin, une journée nationale de plaidoyer a été organisée pour promouvoir la reconnaissance de la langue des signes comme langue nationale. 

Défis

• L’instabilité politique occasion par les évènements du 26 juillet 2023 et les sanctions économiques ayant imposé des restrictions au niveau des banques, ont affectés négativement le projet en raison des retards et blocages des activités. 

• L’indisponibilité des personnes clés (intervenantes, détenteurs de droit) qui nous a  obligé à des reports de nos programmes ; 

• L’inaccessibilité des détenteurs de droits en raison des travaux champêtres et les inondations, 

• L’inflation du prix des transports dans certaine société des transports de voyageurs et du carburant ont impacté négativement notre budget 

Impact et transformation 

Le projet a eu un impact significatif sur plusieurs aspects de la vie des personnes sourdes et malentendantes au Niger. La formation des enseignants a contribué à améliorer la qualité de l’éducation pour les élèves sourds, tant au niveau primaire que secondaire. Cela devrait permettre à long terme une meilleure intégration scolaire et de meilleures perspectives d’avenir pour ces jeunes.  

L’établissement et la délivrance d’actes de naissance ont eu un impact direct sur l’accès aux droits fondamentaux et aux services publics pour de nombreux détenteurs de droits qui n’avaient pas pu enregistrer leur naissance auparavant. Cette action contribue à réduire les obstacles administratifs et à favoriser l’inclusion sociale des personnes sourdes.  

La formation des agents de police et municipaux en langue des signes a permis d’améliorer l’accessibilité et la communication dans les services publics, renforçant ainsi le respect des droits des personnes sourdes et malentendantes. Cela contribue à une meilleure intégration dans la société et à une sensibilisation accrue à la diversité. 

Les activités de sensibilisation, comme le débat radiophonique et la journée de plaidoyer à l’occasion de la semaine mondiale des sourds Edition 2023, ont contribué à accroître la visibilité des enjeux liés à la communauté sourde et à promouvoir la reconnaissance de la langue des signes. Ces actions ont le potentiel de transformer la perception de la société envers les personnes sourdes et de favoriser leur inclusion à long terme. 

Témoignage d’une enseignante en langue des signes du nom de Fourera Kalidou 

Avant notre travail qui consiste à traduire les cours en langue des signes aux élèves sourds intégrés dans les salles de cours avec leurs pairs, ces enfants sourds ont vu leur niveau scolaire amélioré, ce qui fait beaucoup d’entre eux se sont retrouvés avec une moyenne de classe qui varie entre 12 à 14 de moyenne, contrairement d’avant notre intervention où ils tournent autour de 3 à 4 de moyenne. Il y’a même parmi ces enfants, une fille qui est déclarée la première de son niveau (niveau 6eme) dans tout l’établissement avec 14 de moyenne. Donc, c’est pour dire que la traduction des cours en langue des signes dans les classes où se trouvent les élèves sourds et malentendants a permis d’améliorer significativement le niveau de cette catégorie d’élèves  

Enseignements tirés 

On peut déduire plusieurs leçons importantes de la mise en œuvre du projet. Premièrement, l’importance de la formation en langue des signes pour les professionnels de l’éducation et les agents publics est clairement mise en évidence. Cette approche semble être efficace pour améliorer l’inclusion des personnes sourdes dans divers aspects de la vie sociale. 

Deuxièmement, l’importance de l’accès aux documents d’identité pour les personnes sourdes est soulignée, montrant que des obstacles administratifs apparemment simples peuvent avoir un impact majeur sur l’accès aux droits et services. L’organisation d’audiences foraines semble être une solution efficace pour résoudre ce problème.  

Troisièmement, l’utilisation de différents canaux de communication (radio, débats, journées de plaidoyer) pour sensibiliser et informer sur les droits des personnes sourdes semble être une stratégie efficace pour atteindre un public plus large et influencer l’opinion publique. 

Enfin, l’implication directe des détenteurs de droits dans les activités du projet, comme lors de la rencontre d’échange à Maradi, semble être une approche importante pour assurer la pertinence et l’efficacité des actions menées. 

Inspiration

Il convient de souligner l’importance de la reconnaissance de la langue des signes comme langue nationale au Niger. Cette reconnaissance est essentielle pour garantir l’égalité des droits, l’accès à l’information et aux services, la préservation de l’identité culturelle, et l’inclusion sociale des personnes sourdes. 

Nous invitons les acteurs à mettre en avant les bénéfices concrets des actions menées par le projet, comme l’amélioration de l’éducation, l’accès facilité aux documents d’identité, et la formation des agents publics. Ces exemples montrent que des changements positifs sont possibles et ont un impact réel sur la vie des détenteurs de droit (personnes sourdes).  

Il est important de sensibiliser ces acteurs sur les défis auxquels font face les personnes sourdes au quotidien et comment la société dans son ensemble peut contribuer à créer un environnement plus inclusif. Cela peut inclure l’apprentissage de base de la langue des signes, la sensibilisation aux besoins spécifiques des personnes sourdes, et le soutien aux initiatives visant à promouvoir leurs droits. 

Enfin, nous encourageons tout le monde à devenir des acteurs du changement, en les invitant à soutenir les actions de plaidoyer, à partager les informations sur les droits des personnes sourdes, et à promouvoir l’inclusion dans leur propre environnement. En montrant que chacun peut jouer un rôle dans la création d’une société plus inclusive, on peut espérer susciter un engagement durable en faveur des droits des personnes sourdes au Niger. 

Conclusion 

Le projet « Avec nos mains faisons nous entendre » de l’Association des Sourds du Niger a démontré l’importance et l’impact des actions ciblées pour améliorer l’inclusion des personnes sourdes et malentendantes dans la société nigérienne. À travers ses diverses activités, allant de la formation des enseignants à la sensibilisation du public, le projet a posé des jalons importants vers une meilleure reconnaissance et un meilleur respect des droits des personnes sourdes. Les enseignements tirés de cette initiative soulignent l’importance de l’éducation, de l’accessibilité aux services publics, et de la sensibilisation continue. Alors que le chemin vers une pleine inclusion reste long, ce projet a montré qu’avec des efforts concertés et un engagement soutenu, il est possible de créer un changement positif et durable. L’appel à l’action lancé aux lecteurs et aux acteurs de la société souligne que l’inclusion des personnes sourdes est une responsabilité partagée, nécessitant la participation active de tous pour construire une société véritablement inclusive au Niger.