par Cedric Owuru, responsable de la liaison, de l’apprentissage et de l’amplification, Voice in Nigeria

« Si un homme cuisine pour une communauté, celle-ci finira le plat et en redemandera, mais si la communauté ne cuisine que pour l’homme, celui-ci ne pourra pas le finir.

Cet adage Igbo reflète une situation qui s’est déroulée dans la communauté Umuode de Nkanu East, dans l’État d’Enugu. Il personnifie un événement au cours duquel les femmes de la communauté se sont rendues à la maison d’un homme un matin paisible, insistant pour qu’il les batte toutes avant de pouvoir poursuivre ses activités quotidiennes. La communauté d’Umuode, à Nkanu East, abrite un groupe de femmes soutenu par un partenaire bénéficiaire d’une subvention d’autonomisation, la fondation Dewdrop, qui met en œuvre le projet d’autonomisation des femmes et de gouvernance inclusive.  L’objectif du projet est de permettre aux femmes de la communauté de s’auto-organiser et de mener des actions de plaidoyer auprès des dirigeants de la communauté locale. Le but est de créer un environnement favorable à l’autonomisation économique des femmes de la communauté. Bien que cela ait été l’intention dès le départ, il n’existe aucun moyen pratique de déterminer comment l’innovation en matière de développement social évolue, en particulier lorsqu’elle est pilotée par les populations.

Au départ, la fondation Dew Drop prévoyait de travailler avec 50 femmes.  Toutefois, en raison du grand intérêt manifesté par les femmes de la communauté, le projet est resté ouvert et a commencé à travailler avec un plus grand nombre de femmes. Le groupe de femmes ne s’est pas contenté de réclamer des droits fonciers et des services sociaux, mais a rédigé une constitution régissant la manière dont les femmes devaient être traitées au sein de la communauté. L’une des clauses de la constitution stipule qu' »aucun homme n’est autorisé à battre une femme dans la communauté, quelles que soient les circonstances ». Cette constitution a été soumise à l' »Igwe », le chef de la communauté, et à son cabinet, qui l’ont acceptée.

Il a été établi que si un homme avait des griefs à l’encontre d’une femme, il devait en faire part à la Voice Round Table (VRT), nom que le groupe de femmes a adopté pour son espace de réunion.  Un jour fatidique, lors d’une réunion de la VRT, il a été rapporté qu’une femme de la communauté avait été physiquement maltraitée par son mari. À cette nouvelle, la VRT a demandé au crieur public de la communauté d’annoncer que toutes les femmes devaient se réunir à la mairie de la communauté tôt le lendemain. Toute femme qui n’obtempérerait pas s’exposerait à des sanctions de la part de la VRT.

Le lendemain matin, toutes les femmes se sont rendues à la maison de l’agresseur, ce qui ne pouvait être comparé qu’à des fourmis se dirigeant vers une fourmilière. Lorsque les femmes sont arrivées chez l’homme, un adage igbo qui n’était que des mots a pris vie ; les femmes ont demandé à l’homme de les battre toutes. Elles lui ont offert un repas qu’il n’a pas pu terminer.

Une solution a été trouvée, l’homme s’est excusé auprès des femmes et a promis de ne plus recommencer. L’Igwe et le cabinet ont soutenu les femmes et condamné l’homme à une amende, et une nouvelle loi a été créée pour condamner à une amende tout homme qui commettrait une telle infraction.

Avant cet événement, le travail de plaidoyer de la VRT a également permis à la communauté d’ostraciser un homme qui était un agresseur en série. Il ne devait être autorisé à revenir dans la communauté que lorsqu’il aurait cherché à se réadapter. Cependant, les femmes ont eu l’impression que la communauté ne comprenait pas à quel point elles prenaient ces questions au sérieux, ce qui les a amenées à organiser une marche de protestation. Avant de partir, voici un petit rappel pour que vous fassiez attention avant d’attirer un buffet d’une communauté que vous ne pourrez pas terminer ; ne mordez pas plus que vous ne pouvez mâcher.