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Aller au-delà de l’essentiel : utiliser les questions d’apprentissage pour améliorer la pratique 

Par Dorina Prech, facilitatrice de Lien et Apprentissage – Kenya 

Lien et Apprentissage étant au cœur de Voice, il va sans dire que Lien seul ne suffit pas. L’apprentissage est également crucial. Par conséquent, le comprendre dans le contexte de Voice nous aide, nous les facilitateurs/trices, les partenaires et les détenteurs de droits à dire avec confiance à la fin du projet, que nous avons réalisé notre programme d’apprentissage.

 L’expérience de la phase I de Voice démontre que les partenaires sont susceptibles d´omettre de définir Lien lorsqu’on leur demande ce qu´ils comprennent par Lien et Apprentissage. Cela s’explique en partie par le fait qu’en tant qu’êtres humains, nous sommes motivés par notre sens inné de la communauté et notre désir profond d’appartenir à un groupe. Par conséquent, entreprendre des activités de Lien, telles que des réunions physiques ou virtuelles ou des conférences, est presque naturel pour nous.

L’apprentissage, quant à lui, est plus profond et implique bien plus que des connexions et la création de synergies. Il nous pousse à nous replier sur nous-mêmes, en tant qu’individus, organisations et communautés. Il implique une certaine introspection individuelle et organisationnelle, un processus qui requiert un esprit critique et beaucoup de temps. L’apprentissage implique d’examiner les lacunes à combler, entreprise qui est parfois difficile à réaliser. Il est souvent plus difficile de démontrer que l’apprentissage a eu lieu.

Si vous réussissez à apprendre comment les choses devraient être faites, vous ne faites pas que rendre cela possible, vous le rendez inévitable. Une boîte à outils incroyablement puissante introduite par Voice est celle des questions d’apprentissage. Il s’agit d’un ensemble de questions qui, lorsqu’elles reçoivent une réponse concrète, peuvent permettre aux partenaires d’avoir une vision claire de leurs projets et d’améliorer leur efficacité pendant la mise en œuvre.

Pourquoi les questions d’apprentissage sont-elles si cruciales

J’utilise l’analogie des questions d’apprentissage comme une boussole lorsque l’on est en mer. Un bon marin sait qu’il ne peut pas naviguer en mer sans elle, car elle lui permet de vérifier la position de son bateau ou de son navire et de savoir s’il croise la route d’un autre bateau ou s’il est sur une trajectoire de collision.

De même, les questions d’apprentissage fournissent un cadre dans lequel on peut commencer la mise en œuvre d’un projet et seront à portée de main tant que vous ferez des activités de plaidoyer, de développement politique ou communautaire. De nombreuses organisations ne s’intéressent souvent à l’apprentissage que lorsqu’elles organisent un événement, pendant les phases de revue ou lorsqu’elles rédigent des rapports à l’intention du bailleur de fonds. C’est à ce moment-là que les gens se posent des questions et réfléchissent à ce qu’ils ont appris pendant la mise en œuvre.

Lien et Apprentissage de Voice encouragent l’élaboration de questions d’apprentissage dès le départ, et les animateurs guident les partenaires pour les améliorer en cours de route. Cela repose sur le fait que les bonnes questions d’apprentissage nous aident à comprendre clairement ce que nous essayons d’atteindre en tant qu’institution ou communauté de pratique. Par conséquent, les questions d’apprentissage nous amènent à examiner notre travail en profondeur, ce qui conduit à de meilleures solutions à long terme.

Poser les bonnes questions d’apprentissage peut également contribuer à stimuler des idées créatives et des moyens de résoudre des problèmes communs. On peut définir les besoins comme l’écart entre ce qui est et ce qui devrait être. Les bonnes questions d’apprentissage mettent à jour les hypothèses et/ou les croyances cachées (conscientes et inconscientes). Il existe des hypothèses sous-jacentes avec lesquelles les partenaires travaillent. C’est pourquoi l’examen attentif des situations permet de découvrir ce qui est vraiment nécessaire pour qu’un changement transformateur se produise. Par exemple, pour les partenaires travaillant sur la participation des jeunes à la gouvernance, les bonnes questions d’apprentissage devront aller au-delà des obstacles traditionnels à la participation des jeunes et examiner les opportunités qui mènent à une amélioration future de la participation des jeunes à la gouvernance et aux processus démocratiques.

Nous avons appris que les bonnes questions d’apprentissage comblent les lacunes critiques en matière de connaissances. Certaines des questions à explorer par les partenaires dans leur parcours d’apprentissage sont de savoir si les questions sont pertinentes pour le travail réel des personnes (soit le personnel ou les groupes de détenteurs droit) qui vont les explorer?  Si oui, les questions doivent être très claires et faciles à comprendre. L’utilisation de la pensée critique sera très utile dans ce processus. Les partenaires seront encouragés à poser des questions de compréhension comme : « Comment savons-nous ? » ou « Est-ce vrai dans tous les cas ou seulement dans ce cas?”

Les bonnes questions d’apprentissage aident à prendre des décisions plus éclairées. Une organisation qui intègre une culture de l’apprentissage est plus susceptible de motiver le personnel et les autres partenaires à prendre des décisions fondées sur des données probantes. L’élaboration de bonnes questions d’apprentissage est un processus, et vous devez rester ouvert/e et curieux/se à la possibilité que votre théorie du changement soit erronée. 

Au moment où nous nous lançons dans l’élaboration et la mise en œuvre de nos questions d’apprentissage des trois prochaines années, nous sommes guidés par toutes les expériences des partenaires précédents, grâce à la solide plateforme L&A déjà en place. Nous avançons en sachant que les questions d’apprentissage ne sont pas une fin en soi. Il ne s’agit pas de travailler à la futilité, nous devons donc réaliser qu’il existe des avantages potentiels et réels à y répondre. À mon avis, au-delà de l’exploration interne des questions d’apprentissage, le partage de ces questions d’apprentissage à l’aide des plates-formes existantes de Lien et Apprentissage de Voice et même plus, pourrait signifier que ces questions trouvent une réponse – un gagnant-gagnant pour tous.

Comment élaborer de bonnes questions d’apprentissage

 

 

Ne pas faireFaire
Ne posez pas de questions sur ce qu’il est «bon de savoir » Demandez ce qu’il est « nécessaire de savoir » pour être plus efficace.
Cherchez des informations qui sont clairement liées à la programmation et qui peuvent éclairer les décisions.
Par exemple, le gouvernement du comté X consacre-t-il suffisamment de ressources aux activités pour les jeunes?Par exemple, quelles sont les interventions les plus efficaces pour augmenter la participation des jeunes aux élections dans le Comté X ?
N’explorez pas les questions qui ne trouveront pas de réponse dans les limites de temps de votre projet.Posez des questions qui s´alignent sur la prise de décision et sur le calendrier du projet.
Par exemple, comment pouvons-nous faire en sorte que toutes les femmes enregistrent leurs terres communautaires dans le comté X ?Par exemple, quelle est l’approche de plaidoyer la plus efficace pour amplifier les voix des femmes autochtones et leur participation aux processus politiques dans le comté X ?
Ne demandez pas « quelle est notre théorie du changement ? »> Soyez précis quant aux aspects de la théorie du changement qui doivent être explorés afin de vous assurer que vous êtes sur la bonne voie.
> Posez des questions qui testent les hypothèses ou explorent les risques.
Par exemple, allons-nous atteindre nos objectifs dans le cadre de ce projet ?Par exemple, quelles interventions sont efficaces pour accroître la confiance des femmes autochtones à participer aux processus politiques dans le comté X ? Pourquoi ?
Explorez des questions auxquelles d’autres organisations ont déjà répondu de manière exhaustive.Explorez les lacunes identifiées dans les connaissances qui sont étroitement liées à votre théorie du changement. Ces questions doivent être étayées par des preuves documentées.
Par exemple : pourquoi est-il important que les jeunes participent aux processus politiques ?Par exemple, quels sont les facteurs socio-économiques spécifiques au contexte qui empêchent les jeunes de la région côtière du Kenya de participer aux processus politiques ?

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