Le projet, mis en œuvre par la Fédération Malienne des Associations de Personnes Handicapées (FEMAPH), avait pour objectif de renforcer la protection et l’autonomisation des femmes handicapées face aux violences basées sur le genre (VBG). Pour y parvenir, plusieurs activités ont été planifiées et exécutées dans les régions de Bamako, Kayes, Koulikoro, Sikasso et Ségou.

1. Sensibilisation et Formation des Femmes Handicapées

• Organisation de sessions de formation sur les droits des femmes, les violences basées sur le genre et la santé sexuelle et reproductive (SSR).
• Formation de 225 femmes handicapées pour leur permettre de reconnaître et de dénoncer les VBG dont elles sont victimes.
• Mise en place de groupes de parole et d’espaces sûrs pour faciliter l’échange d’expériences et la prise en charge psychosociale des survivantes.

2. Plaidoyer et Mobilisation des Autorités

• Campagne de plaidoyer auprès des autorités locales et nationales, y compris les gouverneurs, les maires et les responsables judiciaires, pour une meilleure prise en compte des droits des femmes handicapées dans les politiques publiques.
• Intégration de la FEMAPH dans le Comité local d’orientation et de suivi pour l’abandon des VBG à Bamako, renforçant ainsi son influence dans les décisions en matière de lutte contre les violences.
• Organisation de journées de plaidoyer régional pour sensibiliser l’opinion publique et renforcer l’engagement des décideurs.

3. Accès aux Services et Création de Réseaux de Soutien

• Mise en place de points focaux Handicap/VBG à Sikasso et Ségou, chargés d’assurer le suivi des cas de violences signalés.
• Facilitation de l’accès aux One Stop Centers pour permettre aux femmes handicapées survivantes de violences d’accéder aux services juridiques, médicaux et psychosociaux.
• Collaboration avec des organisations de la société civile pour améliorer la coordination des actions de lutte contre les VBG ciblant les personnes handicapées.

À travers ces différentes activités, le projet a posé les bases d’un réseau de soutien et de défense des droits des femmes handicapées au Mali, tout en engageant les autorités à mieux les protéger et à leur garantir un accès équitable aux services essentiels.

Le présent projet premier du genre au niveau de la fédération Malienne des Associations de Personnes Handicapées, est une initiative de plaidoyer pour favoriser l’accès des femmes vivant avec le handicap aux services de santé et le renforcement de leurs connaissances sur leurs Droits en matière de VBG. La santé de la reproduction pose un problème d’accessibilité en général pour toutes les femmes et est plus important chez les femmes vivant avec le handicap surtout en terme de coût des services, d’éloignement des services, de la problématique du bon accueil et du point de passage, l’absence de mécanisme d’alerte et de soutient. Le cadre juridique actuel qui n’intègre pas suffisamment la dimension handicap. Cela a amené la FEMAPH pour une justice sociale à mener des actions plaidoyer et le lobbying pour une amélioration de l’accès à la Santé de la Reproduction et les VBG, à renforcer les capacités des femmes handicapées en matière de leurs Droits à la Santé sexuelle et reproductive et l’amélioration du cadre juridique. 

MISE EN ŒUVRE DU PROJET 

Pour l’atteinte des résultats du projet, la FEMAPH pour un premier temps a organisé les activités de Coordination et de Suivi & Evaluation notamment l’organisation des réunions préparatoires élargies aux autres membres de la Direction Exécutive de la FEMAPH qui ont permis de planifier et de donner des orientations sur le projet pour la mise en œuvre efficace et efficiente des actions. Le lancement du projet couplé avec la célébration de la Journée internationale des personnes handicapées, a été une opportunité pour la FEMAPH de répondre à son rôle de défense et de protection des personnes handicapées des droits de ses organisations au niveau de sa base, par le plaidoyer. 

Les stratégies avancées de dépistage du col et autres services de prise charge SR/PF ont révélé assez de problème de santé que vivent les femmes handicapées parce qu’elles sont majoritairement économiquement faibles.  

Témoignage : « Je m’appelle Aminata BOCOUM, je suis une femme vivante avec handicap. J’ai connu ce projet à travers une amie qui est chargée de communication sur le projet. Un jour, mon amie m’a invité à    venir recevoir l’offre de services gratuit en stratégie avancée   du projet, je ne voulais vraiment pas venir, car depuis après mon Mariage j’avais des problèmes de santé et j’ignorais de quoi je soufrais. Mais avec la dextérité de la chargée de communication du projet, j’ai fini par accepter l’invitation. Arrivé à la fédération les agents sanitaires étaient déjà surplace et l’accès et l’assistance, tout était planifié et ce qui m’a le plus marqué c’est la façon dont j’ai été accueilli par la sagefemme avec beaucoup d’humanisme et de professionnalisme. Après la consultation j’ai été rassuré sur ma et elle cela m’a donné un grand espoir pour ma vie de couple Ensuite, elle m’a orienté pour le reste de mon traitement. Avant ce projet, j’avais beaucoup d’appréhensions de me rendre aux centres de santé à cause mon handicap. Aujourd’hui je peux dire Grand merci à la FEMAPH et à l’équipe du projet Handicap – VBG 2 Vitesse et aussi merci au partenaires VOICE, car non seulement, cette activité d’offres de service SR m’a donné confiance en moi, et aux agents de santé mais aussi l’espoir de recouvrer la pleine santé. Je demande aux partenaires de multiplier ces types d’actions, car elles peuvent sauver la vie des milliers de femmes vivant avec handicap. » 

Les détentrices de droit handicapées ont pris conscience de leur état et ont décidé désormais d’avoir des visites sanitaires. En outre, une forte alliance dynamique et opérationnelle est créée entre les fédérations régionales de personnes Handicapées et la FEMAPH autour de la problématique. Cela s’est traduit par l’engouement créé au sein des fédérations régionales des associations de personnes handicapées à participer aux actions de lobbying et de plaidoyer en leur faveur. 

L’organisation des actions de renforcement de capacité en SR/PF/VBG de 225 femmes handicapées ont amené les femmes à partager leurs souffrances, par ignorance, certaines d’entre elles ne savaient même pas qu’elles subissaient une violence. Ces espaces de renforcement de capacité des femmes handicapées ont été des espaces de plaidoyer pour mettre en avant et en évidence la vulnérabilité de la femme handicapée. Aussi les revues annuelles du projet ont aussi permis aux détenteurs de droit venus des régions d’intervention du projet d’apporter leur contribution en termes de témoignages et de propositions des stratégies d’intervention pour l’amélioration du cadre juridique en faveur des personnes handicapées.   

IMPACT ET TRANSFORMATION 

La mise en œuvre des actions a permis à la FEMAPH de répondre à son rôle de défense et de protection des personnes handicapées des droits de ses organisations au niveau de sa base ; 

• Adresser des messages de plaidoyer et d’interpellations des autorités régionales sur l’accès des femmes vivant avec un handicap à la santé. 

• L’action a permis d’identifier un point focal Handicap/VBG 2 VITESSE à Sikasso et à Ségou pour le suivi des recommandations. 

• Les autorités judiciaires ont été sensibilisées et ont pris l’engagement solennel d’avoir une attention particulière pour les cas violences liées au handicap notamment femmes handicapées malades mentaux qui errent en ville. 

• Une mise en relation des autorités locale avec la fédération régionale des associations de personnes handicapée FERAPH de Sikasso ; 

• La Direction régionale de la Santé et de l’économie solidaire de Kayes a demandé à la FEMAPH de faire une mise au point sur comment collaborer pour adapter les matériels de soins aux femmes vivant avec Handicap. 

• Amélioration du carnet d’adresse des FERAPH à Bamako, Kayes, Koulikoro, Sikasso et à Ségou. 

• La Chargée de plaidoyer du projet, elle-même détentrice de droits est devenue une véritable communicatrice sur les radios et les web TV pour relayer les souffrances des femmes handicapées en matière de VBG ainsi que d’autres problèmes des personnes vivant avec Handicap en générale. 

• Il a permis également à la FEMAPH d’intégrer la Plateforme des OSC de la santé de lutte contre les droits humains, les inégalités de genre et les VBG, pilotée par l’Association de Recherche, de Communication et d’Accompagnement à Domicile des personnes vivant avec le VIH (ARCAD Santé PLUS) qui a un système de collectes des cas de VBG et qui a un fonds d’urgence pour les survivantes de VBG.  

• La chargée de plaidoyer de ce projet participe aussi aux réunions du Réseau « Prevention and Response to Sexual Misconduct” du Mali, piloté par le ONG nationales et internationales, engagées dans la lutte contre les VBG. 

• Elle a également permis de créer un partenariat avec d’autres organisations de santé notamment l’AMPPF et les centres de prises en charges des survivants de VBG au profit de 400 femmes vivant avec le handicap consultées sur infection sexuellement transmissible (IST), et 323 dépistées en Cancer du Col de l’Utérus. elles fréquentent plus les centres de prise en charge de l’Association Malienne pour la Protection et la Promotion de la Famille (AMPPF) le partenaire de la FEMAPH. 

Enseignements tirés 

La préparation de l’actions reposait sur l’adhésion de l’ensemble des acteurs autour de la problématique. La responsabilisions des Fédération Régionale des Associations de Personnes Handicapées (FERAPH). Le choix des cibles de plaidoyer notamment le gouverneur qui a été chargé de convoquer les participant, la police, la gendarmerie, la mairie, les directions régionale de la santé du développement et de la promotion de la Femme de l’enfant et de la famille, le Programme national VBG et les OSC locales du domaine a contribué à la réussite de l’action. Les activités de Lien et Apprentissage sont également un processus important pour découvrir des approches plus innovantes. Tout cela a fortement contribué à la réussite de l’action. Mais il important de retenir que deux ans d’action de plaidoyer impact difficilement le changement surtout dans le cadre de l’amélioration du cadre juridique. 

Inspirer vos lecteurs 

Premier projet du genre en matière de VBG a été une grande opportunité pour la FEMAPH. La grande mobilisation et l’enthousiasme des femmes elles-mêmes détentrices de droits autour de l’ensemble des activités ; la libération de la parole des femmes sur leurs propres expériences en faisant des témoignages n’était pas évidente ; l’organisation des sessions de formation de 225 femmes vivant avec le handicap à Bamako, Kayes, Koulikoro, Sikasso et Ségou sur les droits en matière de VBG et SSR ont été très riches en partage de connaissances, en témoignages et surtout en émotions car elles regroupaient les femmes handicapées de toute nature. Les rencontres ont été une thérapie de groupe. Toutes ces femmes ont affirmé d’avoir subi la violence. Ces femmes ont sympathisé et se sont soutenues mutuellement. On peut espérer que ce groupe constitue désormais un réseau de femmes fortes dans la lutte contre les abus à l’encontre des personnes handicapées dans les zones d’intervention du projet. 

Il est important dans les approches utilisées de mettre toujours au cœur des actions de plaidoyer les personnes handicapées elles-mêmes en particulier les femmes handicapées à travers la sensibilisation de la communauté au niveau national et local sur le handicap et le VBG. Un autre aspect à noter est que l’organisation des réunions de planification élargies à l’équipe de la Direction peu permettre une meilleure appropriation du projet et un engouement partagé de l’ensemble de la structure autour du projet. La diversification des stratégies et supports de communication l’utilisation des réseaux sociaux ont aussi contribué à une plus grande visibilité du projet en temps réel. 

CONCLUSION : En tant que l’unique faîtière nationale reconnue par l’Etat, porte-parole, la principale préoccupation de la FEMAPH est d’assurer l’intégration socio – économique des personnes handicapées du Mali à travers diverses activités de développement visant la promotion de leurs droits. Ce projet premier du genre a permis de questionner au niveau national et local la problématique de l’accès des femmes handicapées à la santé et de leur prise en compte dans le dispositif national et local de lutte contre les VBG ; Il est important pour la pérennité des acquis c’est de poursuivre les actions de plaidoyer et de mettre à l’échelle nationale les actions de renforcement de capacité sur les droits / VBG/SR/PF.